Un an après l’envolée lyrique d’A bout de souffle, le deuxième long métrage de Godard, nettement plus down tempo.
C’est la ouate ? Un film de guerre ? De jolis uniformes ? De la castagne, des fusillades ? Mauvaise pioche. Votre petit cousin Jean-Claude, grand amateur de kung-fu, peut enfiler son pyjama : Le Petit Soldat évoque moins la sueur que la ouate.
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1960, une guerre étouffée, les « événements » d’Algérie vus depuis la Suisse, le pays des secrets bien gardés. Réfugié à Genève, un renégat de l’OAS, le ténébreux Michel Subor, déserteur français en fuite, se retrouve poursuivi à la fois par le FLN et les barbouzes de l’Organisation armée secrète. « Pour moi, le temps de l’action a passé, j’ai vieilli, celui de la réflexion commence. » What ? Cette première réplique donne le ton : le héros a les jambes dans le coton. Godard filme comment ce jeune chien fou remet en cause son engagement, doute et devient un homme.
Scénario linéaire et tournage caméra au poing, les partis pris flamboyants de la Nouvelle Vague qui faisaient la légèreté d’A bout de souffle sont absorbés ici par la ouate de longs plans-séquences un peu trop statiques. Et surtout, le son en prise directe, parfois à peine audible très Nouvelle Vague, là encore vous met carrément de la ouate dans les oreilles. Il fauts’accrocher pour ne pas s’endormir dans tant de ouate, pour parvenir àsuivrel’intrigue, et d’abord pour entendre les questions que le petit soldat se pose. Quelles questions ? Etre de droite, être de gauche, ça veut dire quoi au juste ? Faut-il toujours choisir un camp, être un bon petit soldat de la juste cause ? Et finir chien de garde ? Ou comment un petit soldat devient un être… humain.
Luc Arbona
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