Une journaliste hésite entre l’ambiance trépidante mais carnassière de sa rédaction et la vie honnête d’une épouse modèle. Hawks au sommet de son art du langage.
Le scénario le traitement putassier de la condamnation à mort d’un homme fait douter un journaliste du bien-fondé de son métier avait été porté une toute première fois à l’écran en 1931 par Lewis Milestone (Front Page), et le serait à nouveau en 1974 par Billy Wilder (Spéciale Dernière), et en 1988 par Ted Kotcheff (Scoop). Mais c’est la version de 1940 par Howard Hawks qui est la meilleure. Son film peut se lire à plusieurs niveaux. D’abord, une réflexion éthique sur le métier de journaliste, ses vertus mais aussi ses compromissions, voire ses impasses, cruellement d’actualité aujourd’hui. Le tout sans jamais se départir d’un humour au vitriol. Voir les manipulations mentales du directeur de la rédaction joué par Cary Grant fera réfléchir bien des aspirants journalistes… Il y a aussi la dimension féministe : de tous les adaptateurs de cette intrigue, Hawks est le seul à avoir fait du personnage central dégoûté de son métier une femme. Du coup, il met en perspective ce qui attend cette journaliste si elle quitte cette « vie d’homme » : un foyer ennuyeux à mourir. Enfin, pour la forme, La Dame du vendredi (le titre français est une traduction totalement à contresens du titre original, His Girl Friday) est le film le plus dense en dialogue du cinéma américain. Un procédé voulu par Hawks par souci de réalisme : pour rendre le sentiment de crise ambiante, il demanda aux acteurs de démarrer leurs répliques sans attendre que leurs partenaires aient fini les leurs. Le débit verbal du film est estimé à 240 mots par minute, un record.
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