Meurtre, haine et vengeance : rien de dépaysant chez Fritz Lang. Mais aussi une Marlene Dietrich vieillissante qui dit adieu à son personnage de femme fatale.Quand on dit Fritz Lang, on ne pense pas forcément western. Et pourtant, Lang en a tourné trois. Rancho Notorious (L’Ange des maudits en français) est le meilleur. La narration […]
Meurtre, haine et vengeance : rien de dépaysant chez Fritz Lang. Mais aussi une Marlene Dietrich vieillissante qui dit adieu à son personnage de femme fatale.
Quand on dit Fritz Lang, on ne pense pas forcément western. Et pourtant, Lang en a tourné trois. Rancho Notorious (L’Ange des maudits en français) est le meilleur. La narration est originale : le film est scandé par une chanson country, La Légende de Chuck-a-Luck, dont le titre indique le caractère mythologique du film. Chuck-a-Luck (en français « Coup de chance »), c’est le ranch où s’est réfugié l’assassin de la fiancée de Vern, un endroit fantasmatique où se planquent des hors-la-loi.
On retrouve ici le fameux goût des sociétés secrètes, thème langien par excellence. Ce ranch est tenu par la mystérieuse Altar Keane, dont
la légende est soigneusement construite, plan après plan, par les différents témoignages recueillis par Vern sur le chemin de sa vengeance. Expatrié à Hollywood pour les mêmes raisons qu’elle, Lang a voulu offrir à sa compatriote Marlene Dietrich un « véhicule ». Nous sommes
en 1952, Dietrich est en fin de carrière. Physiquement, cela n’a aucune importance puisque son visage est une pure construction,
un « objet », disaient ses détracteurs, « oui, mais
un objet d’art », rétorqueront toujours ses fans.
A travers les récits des témoins, donc, se dessine
le portrait d’une femme fatale qui mène
les hommes à leur perte. Sauf qu’ici, Lang va infléchir ce cliché. Il évoque son âge, et surtout, il filme Dietrich en femme amoureuse, et fait même de ce sentiment une faiblesse : concrètement,
elle se jette dans la trajectoire de la balle destinée
à son amant. Tout aussi artificiel que Dietrich,
le Far-West de Lang est manifestement en carton-pâte, histoire de donner à la fatalité criminelle
les accents de la tragédie grecque. C’est réussi.
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