Quelques bons grains, ajoutés à l’exaltante rétro Etaix, ont su faire oublier l’ivraie d’Angers.Que retiendra-t-on de cette cuvée angevine 2003 ?1) Que l’épithète “européen” ne saurait suffire à qualifier un film, surtout s’il s’agit d’une œuvrette aussi conforme aux schémas hollywoodiens que Les Abeilles sauvages du Tchèque Bohdan Slama.2) Qu’en dépit de passages nuageux consécutifs […]
Quelques bons grains, ajoutés à l’exaltante rétro Etaix, ont su faire oublier l’ivraie d’Angers.
Que retiendra-t-on de cette cuvée angevine 2003 ?
1) Que l’épithète « européen » ne saurait suffire à qualifier un film, surtout s’il s’agit d’une œuvrette aussi conforme aux schémas hollywoodiens que Les Abeilles sauvages du Tchèque Bohdan Slama.
2) Qu’en dépit de passages nuageux consécutifs à la vision de pensums tels que le mal titré Das Verlangen (Le Désir) d’Iain Dilthey, l’embellie du cinéma allemand se confirme. Suggérée l’an passé par l’excellent Contrôle d’identité, cette stimulante hypothèse se voit notablement étayée par Ulrich Köhler et son Bungalow frémissant, au charme subtil duquel on cède, conquis par la délicatesse et l’acuité peu communes du regard d’un jeune metteur en scène à suivre de près.
3) Qu’à l’occasion de son passage au long, Philippe Ramos réalise les espoirs que les spectateurs de L’Arche de Noé et d’Ici-bas avaient pu placer en lui : Adieu pays (sortie le 12 mars) est bien le film d’une sensuelle austérité que l’on attendait de son auteur. Emaillée d’instants de grâce nombreux et caractérisée par un sens très sûr du cadre, cette chronique d’une petite communauté rurale en voie de recomposition permet aussi de goûter les présences singulières de Philippe Graziano et d’Anne Azoulay, charmeuse figure féminine de ce western qui ne veut pas dire son nom.
4) Que les métrages les plus brefs ne sont pas forcément les meilleurs. La pauvreté d’ensemble des courts en compétition aura eu pour seul mérite de rendre plus flagrant encore l’éclat de Ni vue, ni connue. Au diapason de la séduisante BO composée par Arnaud Taillefer des Troublemakers, Dorothée Sebbagh décrit avec beaucoup de style les frasques d’une petite voleuse pour laquelle va craquer un vigile de la librairie lilloise le Furet du Nord : il est vrai qu’elle est incarnée par la très craquante Valérie Donzelli, qui faisait déjà des étincelles dans Martha… Martha de Sandrine Veysset.
5) Que l’obsolescence ne menace guère le cinéma de Pierre Etaix. Au contraire, ce sont plutôt de pétillantes fantaisies comme Le Soupirant (1962), Heureux anniversaire (1961) ou encore Le Grand amour (1969), qui fichent un méchant coup de vieux à la plupart des « nouveautés » du moment. Souhaitons la prochaine reprise en salles de l’intégrale de cet autre héritier des génies du slapstick, moins connu mais non moins précieux que Jacques Tati.
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