Sous des apparences de mélo baroque, Ecrit sur du vent est une critique sans appel des “valeurs américaines”. Plus que jamais indispensable. C’est le quatrième des sept mélos capitaux tournés par Sirk entre 1953 et 1959 à Hollywood, et le premier diffusé cette semaine (voir aussi Le Secret magnifique, vendredi). Sirk peint ici le portrait […]
Sous des apparences de mélo baroque, Ecrit sur du vent est une critique sans appel des « valeurs américaines ». Plus que jamais indispensable.
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C’est le quatrième des sept mélos capitaux tournés par Sirk entre 1953 et 1959 à Hollywood, et le premier diffusé cette semaine (voir aussi Le Secret magnifique, vendredi). Sirk peint ici le portrait de la décadence d’une puissante famille texane qui a fait fortune dans les puits de pétrole. A croire que la série Dallas en a été directement inspirée puisque outre ce décor, on recense une belle collection de vices : alcoolisme, nymphomanie, appât du gain, etc. Les deux personnages « sains » du film, qui n’appartiennent pas à la famille et qui finiront l’histoire ensemble, Mitch (Rock Hudson, mou comme un Chamallow) et Lucy (Lauren Bacall, sèche comme un coup de trique), intéressent manifestement moins Sirk que les deux rejetons Hadley. L’ivrogne, c’est Kyle Hadley (Robert Stack), que le mal de vivre a poussé vers l’alcool : l’un des personnages les plus bouleversants du corpus sirkien. Quant à la nymphomane, c’est sa sœur Marylee (Dorothy Malone) : il faut la voir ramasser les pompistes des stations-service au volant de sa décapotable pour comprendre toute la tendresse que lui porte Sirk. Là est la clé : il ne faut pas prendre les happy-ends des mélos de Sirk au pied de la lettre. Sous les belles couleurs et les jolies musiques, Sirk pointe l’horreur du conformisme américain. Ne perdant jamais de vue son idéal de tragédie grecque, sa mise en scène échappe magistralement au décoratif. Sous le baroque, le tragique.
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