La lutte des classes version soap sophistiqué et sexuel. Un peu affecté, parfois troublant.
Avec The Housemaid, Im Sang-soo met de côté l’histoire de son pays, chroniquée violemment dans ses films précédents (The President’s Last Bang, Le Vieux Jardin). Mais qu’on ne s’y trompe pas : le cinéaste en découd une fois encore avec l’autorité. On y suit les péripéties d’une domestique sur laquelle son riche patron exerce un droit de cuissage.
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Le ton est à la tragédie grecque : le clash des classes se fait chez les titans, la maîtresse de maison s’appelle Héra et elle est tout aussi susceptible. Quant au fricotage du mari avec la domestique, il rappelle que Zeus était un fichu prédateur sexuel sans remords.
The Housemaid, hélas, est plus prévisible qu’un récent et très bon film sur une bonne poussée à bout (le chilien La Nana). La résolution du conflit est ici totalement hystérique et précipitée. Mais on est frappé par la beauté mortifère de son environnement olympien, une grande demeure saisie par des cadres léchés et une photo qui embaume les occupants (surtout la belle-mère). La symétrie y est aussi graphique que scénaristique, scindant la maisonnée en deux duos (l’épouse et sa mère, la bonne et une gouvernante plus âgée et cynique) sur le front d’une guerre domestique. Si le film frise parfois l’exercice de style affecté (se faire faire une fellation, c’est bien, la subir dans la position de L’Homme de Vitruve de De Vinci, c’est mieux), il ne ment pas sur l’érotisme promis et incarné par l’actrice Jeon Do-yeon dans le rôle titre.
Comme dans Secret Sunshine qu’elle illuminait, elle distille ce même cocktail subtil de naïveté, de masochisme, de sensualité et de colère soudaine et revêche envers les instances supérieures. La lutte est certes vaine mais sublime à voir dans son regard.
The Housemaid d’Im Sang-soo, avec Jeon Do-yeon, Lee Jung-jae (Cor. du Sud, 2010, 1 h 47)
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