Le deuil d’une famille après la mort du père dans le bush australien. La cinéaste soigne trop la photogénie de son décor et de son action, et escamote l’âpreté de son sujet.
En 2003, Julie Bertuccelli, fille du réalisateur de télévision Jean-Louis Bertuccelli, ancienne assistante de Kieslowski et d’Otar Iosseliani, nous avait ravis avec un joli premier film de fiction tourné en Géorgie et intitulé Depuis qu’Otar est parti.
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Pour son deuxième long de fiction, cette cinéaste voyageuse, et par ailleurs documentariste, nous parachute dans le bush, parmi une petite famille heureuse sous le soleil australien qui vient d’emménager dans une nouvelle maison, encore plus belle que la première, située à l’ombre d’un grand arbre. Mais voilà, dès les premières minutes, le papa meurt d’une crise cardiaque dans sa voiture.
La maman (Charlotte Gainsbourg, très Gérard Darel malgré les épreuves) se retrouve toute seule avec ses quatre enfants, toujours sous le soleil. Chaque membre de la famille réagit à sa manière, mais tout devient très vite évident pour le spectateur de base : l’arbre qui abrite la maison prend ainsi une taille et une forme envahissantes, dans la vie, à la fois matérielle et psychique, de la famille, et réagit violemment à la moindre contrariété (il faut dire que la mère a le béguin pour un autre homme, un manuel viril…).
Bref, je vous le donne en mille, l’arbre, c’est le père (la mère se prénomme bien Dawn – l’aube…) ! Nous en sommes à quelques dizaines de minutes de film et nous avons déjà tout compris, sans bien saisir cependant où l’on veut nous mener. Pourtant, avec une extrême minutie, en toute sérénité, le scénario de L’Arbre (certes tiré d’un livre qui ressemble à s’y méprendre à un roman à l’eau de rose) s’escrime à planter un clou de la personnification après l’autre, au cas où quelque malcomprenant se serait glissé dans la salle.
On essaie alors de se rabattre sur les acteurs, en espérant que la mise en scène compensera la lourdeur du récit. Mais Julie Bertuccelli a manifestement décidé de faire porter tout le poids du film sur ses épaules par Charlotte Gainsbourg, qui s’y emploie avec vaillance.
Une Charlotte Gainsbourg qui, quoi qu’il arrive, garde toujours le sourire, sensible, certes, mais aussi un peu imperméable à tout ce qui ne la touche pas vraiment, très femme moderne, compétente dans toutes les tâches, énergique, courageuse, toujours sexy et féminine (même en marcel), certes parfois triste et faible, mais toujours rassérénée par le soleil australien, un petit pétard et la présence légère de ses enfants si autonomes, si sages, si talentueux…
Nous ne dévoilerons pas la fin du film, mais comment s’empêcher de la trouver amère et moralisatrice, puisque, derrière les sourires (décidément) permanents de la jolie Charlotte Gainsbourg, elle condamne la belle à un destin solitaire en compagnie d’un fantôme ? Mais qu’importe, peut-être, puisque Charlotte sourit sous le soleil du bush australien, si photogénique… C’est qu’elle doit être heureuse, n’est-ce pas, malgré tout ?
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