Reprise de la franchise créée par McTiernan et Schwarzie dans les 80’s. Récit malin, filmage sobre : une aimable réussite.
Qu’est-ce qui a changé dans le cinéma d’action en vingt-trois ans, depuis la sortie de Predator ?
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Rien, semble d’abord répondre Predators, qui se présente à la fois comme une suite (les événements du premier épisode sont évoqués) et un reboot (ceux du second sont ignorés).
Sorti en 1987, le film de John McTiernan coïncidait avec l’arrivée des effets numériques, grâce auxquels le chasseur rasta pouvait, notamment, se rendre invisible en se morphant dans les feuillages.
Par cet effet aujourd’hui rudimentaire, McTiernan avait créé une image iconique des années 80, à l’égal de l’Alien bavant ou du Terminator proférant son fameux “I’ll be back”. Mais tandis que ces deux sagas connurent plusieurs suites, marquant toutes une étape décisive dans le cinéma d’action, Predator en resta là, nonobstant un second épisode (en 1990) et deux cross-over (Alien vs. Predator 1 et 2) oubliables.
Premier constat : ce n’est pas sur Robert “vintage” Rodriguez, ici producteur, qu’il faut compter pour faire avancer le curseur technique ; pas plus que sur le réalisateur, Nimród Antal, qui, comme dans ses précédents films (les très réussis Motel et Blindés), préfère à la pyrotechnie épileptique de Michael Bay et ses sbires la découpe claire d’un espace, les plans simples, nets.
Predators est rudimentaire, et le revendique : ici, nulle 3D, peu d’images de synthèse, du maquillage comme au bon vieux temps, un minimum d’explosions… Se lover dans le mineur et le déjà-vu pour mieux esquiver la comparaison avec l’original : bien que déceptive, la tactique est tout à fait respectable.
La nouveauté, ici, se nicherait plutôt dans le récit et, singulièrement, dans la façon d’introduire les enjeux. Tout commence en plein ciel, avec un black-out et un parachute, par lesquels huit mercenaires, de nationalités différentes mais unis par une férocité commune, se retrouvent perdus au milieu d’une jungle hostile.
Nul doute que Lost et Koh-Lanta sont passés par là, et Antal/Rodriguez prennent un malin plaisir à en intégrer les codes, laissant ainsi traîner l’idée que le pire monstre n’est pas forcément celui qu’on croit.
Autre idée intéressante : le casting. Schwarzenegger ayant définitivement renoncé à jouer de ses muscles, il a fallu renouveler le personnel, et c’est à Adrien Brody, le frêle Pianiste (un peu bodybuildé pour l’occasion, tout de même), qu’est revenu le rôle principal.
Le choix est a priori étrange, mais il s’explique, à la lumière du combat qui oppose aujourd’hui les action men : aux corps lourds et musculeux, ex-gloires des 80’s (Stallone, Willis, Rourke) incombent l’anachronisme, la fatigue, la défaite ; aux corps minces et toniques (Damon, Statham, Craig), reviennent l’arrogance, la vitesse et la furie. Et pourtant, vieux comme jeunes, baraques ou gringalets, le désespoir est le même, la perte, inéluctable.
L’Amérique, de Predator à Predators, n’en finira décidément jamais de sacrifier ses héros.
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