Samuel Bayer reprend une œuvre culte de la fin des années 80 et signe un film grotesque qui démystifie le croque-mitaine.
Qu’arrive-t-il aux producteurs américains (Michael Bay en tête) avec les classiques du film d’horreur des années 80 ? Après les remakes d’Amityville, Massacre à la tronçonneuse et Vendredi 13, voilà aujourd’hui celui de Freddy les griffes de la nuit de Wes Craven sorti en 1985.
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Le pitch, on le connaît déjà. Dans la banlieue chic d’Elm Street, quatre ados sont hantés par un cauchemar oppressant : un homme au visage brûlé vif, pull over rouge et vert sur les épaules, griffes ultra-aiguisées à la main droite, veut les tuer.
Aux manettes de cette version 2010, Samuel Bayer. En guise de premier long, ce réalisateur de clips (Nirvana, Green Day, Lenny Kravitz..) se montre bien incapable d’offrir mieux qu’une pâle copie sans intérêt. Plagiant délibérément certains plans de l’original, il ne change presque rien (pas même le nom de son héroïne) à son scénario. Seule nouveauté : Freddy, interprété par Jackie Earle Harley (qui en fait beaucoup trop) n’est plus un tueur mais un pédophile.
Pire que de proposer une histoire déjà vue, ce remake enlève à la première version ses meilleurs éléments scénaristiques : le père de l’héroïne a disparu, emportant avec lui toute la question du déni de la parole de l’enfant. S’en ressort un film pro-vengeance assez puéril.
Manquant cruellement d’imagination, de renouveau, le film de Bayer pêche surtout pour sa profonde absence d’aménagement du mythe lié à la figure de Freddy. Là où Wes Craven proposait un film à la tension permanente, Samuel Bayer se contente de livrer un teen-movie à frisson, façon Souviens-toi l’été dernier ou Légendes urbaines, en un peu plus gore.
Ici, le scénario, mécanique, creux, fait s’enchainer des scènes sans relief entrecoupées de séquences oniriques dont le but ultime n’est que de terrifier. Mais même là, Bayer échoue : à trop user des codes bien connus du genre (musique angoissante, gros plans, hors champ, effets de surprise), le cinéaste ne parvient pas plus à effrayer qu’à créer une once de suspense et transforme Freddy en une figure grotesque de l’horreur.
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