Film de superhéros faussement cool, vraiment réac.
La flamme du vigilante movie, genre à la réputation exécrable (parfois injustement, cf. Dirty Harry) porté à son apogée dans les années 1970, ne s’est jamais tout à fait éteinte.
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Nouvelle preuve avec Kick-Ass, qui, s’il adopte la morale foncièrement réac du genre, prend toutes les précautions pour en évacuer la part d’antipathie, préférant mettre en avant une très contemporaine coolitude geek.
Adapté d’un comic-book récent, le troisième film de Matthew Vaughn, réalisateur des réjouissants Layer Cake et Stardust, et producteur des premiers films de Guy Ritchie, se veut avant tout un film de superhéros teinté de teenage movie, à la manière de Spider-Man.
Un simili-Peter Parker (Aaron Johnson, sympathique révélation), adolescent mal dans sa peau et fan de comics comme il en existe des millions, décide donc de devenir un superhéros par la seule force de la volonté. Car, en 2010 comme en 1973, les rues de New York grouillent de vermines à exterminer…
Chanceux lors de ses premières interventions, le jeune téméraire en combi de Néoprène achetée sur eBay devient vite, par la grâce d’une vidéo postée sur YouTube, un phénomène de société.
Dans une première demi-heure qui fonce à toute allure, Kick-Ass réussit plutôt son cocktail postmoderne, brassant les références avec une insouciance revigorante.
Mais peu à peu, à mesure qu’il s’aventure sur les terres charbonneuses de Batman et Watchmen, le film se pare d’une ambiguïté morale qui s’accommode mal de cette insouciance.
Très vite, deux autres personnages apparaissent – Big Daddy (Nicolas Cage, très drôle et émouvant, et principal intérêt du film) et Hit-Girl, sa fille de 11 ans –, eux aussi superhéros autoproclamés mais qui, à la différence de Kick-Ass, tuent des méchants pour de vrai, sans discernement et avec une cruauté dégueulasse.
Le problème de Kick-Ass est moins sa violence, à laquelle on est depuis longtemps habitué, que le coulis cool qui la recouvre. Pour ne citer qu’un exemple, une séance de torture retransmise à la télé et sur internet devient ici un banal film d’horreur, occasion comme une autre de choper sa voisine pour les ados boutonneux qui la regardent sur leur ordinateur.
Il y avait là passionnante matière à réflexion, mais Matthew Vaughn, qui se vante d’avoir choqué les grands studios avec son script vérolé, n’en a cure.
Croyant sans doute s’inspirer du grand Tarantino, il n’en retient manifestement pas la principale leçon : la violence est certes jouissive mais toujours vaine et, surtout, jamais heureuse.
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