Love story entre un patriarche et une jeune Moldave. Une comédie de mœurs trop ficelée.
Un vieil homme (Michel Aumont), ancien résistant, intellectuel et militant de toutes les causes humanitaires, annonce un jour à sa famille qu’il a fait un mariage blanc avec une jolie sans-papiers moldave.
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Mais cette alliance, associée à ce qui va s’avérer un regain inattendu de sexualité de leur père, va rouvrir chez ses grands enfants (Karin Viard et Fabrice Luchini) de vieilles blessures.
Le film est d’une certaine manière réussi : il est souvent drôle dans les dialogues (avec cette grossièreté verbale héritée de Bertrand Blier), et Karin Viard est parfaite.
La comédienne et scénariste Anne Le Ny raille certes la bonne conscience politique, un peu atavique et mécanique, de ses deux protagonistes, mais leur reconnaît en contrepartie la distance et l’humour suffisants pour en avoir conscience.
En même temps, cette lucidité systématique, ce psychologisme insistant, cet équilibre scénaristique soigneux gâchent le potentiel narratif de son histoire – l’aveuglement, comme le répétait Eric Rohmer (qui rejetait il est vrai toute idée d’inconscient) étant un moteur essentiel de la comédie.
Cet excès de “bon sens”, accompagné de clins d’œil complices au spectateur – prié de réagir comme les personnages, de se mettre à leur place pour comprendre leur réaction, de se penser aussi intelligents qu’eux… – provoque en toute maladresse un déséquilibre social très désagréable entre les personnages.
Car c’est bel et bien aux personnages secondaires que le récit réserve les actes les plus cyniques et les plus abjects (prostitution, meurtre, délation) dont les premiers seraient incapables.
L’humanité se partagerait entre ceux qui ont des scrupules (les enfants bourgeois) et ceux qui n’en ont pas pour des raisons bêtement déterministes (l’épouse parvenue de Luchini ou la blonde vorace moldave, forcément assoiffées de richesse, de confort, de revanche sociale, à tout prix).
Pourtant, le petit théâtre d’Anne Le Ny, sur le papier et dans ses meilleurs moments, s’inscrit dans une tradition très française, qui remonte à Molière.
Mais quelque chose manque (qu’on trouve par exemple chez Christophe Honoré) : la capacité à passer de l’anecdote, de la satire sociale et de la critique psychologique à quelque chose de plus métaphysique, de plus inquiétant, qu’on pourrait résumer sous l’appellation large de “mal”.
De ce point de vue-là, Les Invités de mon père succède sans nouveauté et sans saut qualitatif au premier film de Le Ny, Ceux qui restent.
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