Des films de Sergio Leone aux siens, de Tarantula au fraîchement sorti Gran Torino, Clint Eastwood s’est tracé un passionnant itinéraire au sein d’Hollywood : du western au mélo de boxe.
1968
Le Bon, la brute et le truand de Sergio Leone
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Après avoir débuté à travers un feuilleton TV et des débuts au cinéma hasardeux et vaguement bis (La Revanche de la créature, Tarantula…), Clint fait la rencontre de sa vie en la personne de Sergio Leone qui, le temps d’une trilogie magnifique (Pour un poignée de dollar, Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la brute et le truand), lui offre un statut de star et un style de jeu minimal auquel se prête bien son magnétisme taiseux. Les prises de position politiques qu’il affichera plus tard révèleront que dans la vie aussi, c’est parfois mieux quand il ne parle pas.
1972
L’Inspecteur Harry de Don Siegel
L’autre grande rencontre de Clint avec un cinéaste, c’est bien entendu celle avec Don Siegel, et cette amitié engendrera cinq films, parmi lesquels Les Proies, L’Evadé d’Alcatraz et bien entendu L’Inspecteur Harry. Dans ce dernier, Clint pose son personnage le plus mythologique avec l’homme sans nom des films de Leone. Mais cette fois c’est dans un San Francisco tout seventies enluminé par Lalo Schiffrin que manie le colt cet inspecteur Callahan, épris d’une forme de justice qui lui est particulière, et que l’on n’appelle pas Dirty Harry pour rien. « Do I feel lucky ? Well, do you, punk ? »
1973
L’Homme des hautes plaines
Troisième réalisation de Clint, après Un frisson dans la nuit et le beau et trop mésestimé Breezy, L’Homme des hautes plaines est tout à la fois l’occasion pour Clint d’enterrer ses pères Siegel et Leone avec un humour sardonique (regardez bien les noms sur les pierres tombales lors de l’arrivée de l’étranger en ville) et le western dans un majestueux sommet du genre plus décharné que crépusculaire, strié d’idées brillantes.
1983
Honkytonk Man
La première réalisation de Clint courronnée de succès et inscrite dans une veine plus personnelle et musicale, Honkytonk Man, le voit incarner le père de son fils – un grand rôle de composition, donc. Accessoirement, il joue aussi un musicien agonisant pendant la Grande Dépression, dont les derniers espoirs résident dans une grande audition à Nashville. Et quoiqu’ayant étrangement vieilli, le film est très beau.
1992
Impitoyable
Après L’Homme des hautes plaines et Pale Rider, Clint rejoue la carte du « un dernier western pour les enterrer tous » dans ce film éblouissant. Et malgré les tempes grisonnantes qui se font jour, ce n’est pas loin de marcher.
1993
Un Monde parfait
Retour de classique pour Eastwood, qui campe un flic redneck plus vrai que nature dans ce road-movie tragique où un kidnappeur idéaliste s’amourache du jeune témoin de Jéovah en culottes courtes qu’il venait d’enlever. Prenant le parti avec mélancolie des marginaux et déshérité, le film donne l’un de ses plus beaux rôles à Kevin Costner.
1995
Sur la route de Madison de Clint Eastwood
Après avoir joué et surjoué le crépuscule dans ses western, Clint s’essaie au jeu de l’ultime mélo, défi remporté haut la main par cette romance fleuve d’une densité émotionnelle renversante.
2000
Space Cowboys de Clint Eastwood
Pour la première fois tout entier tourné vers la comédie, Eastwood réunit un riche casting de beaux has-beens autour de lui dans cet étrange western spatial et commence à s’interroger sur son propre statut d’auteur vieillissant. Sans doute son film le plus singulier.
2005
Million Dollar Baby de Clint Eastwood
Autour d’un ring de boxe saturé d’affects et d’une belle Hilary Swank, Clint se penche sur la suite et commence à jouer avec insistance la rechercher d’un(e) héritier(e), tout en mettant en scène, l’air de rien, sa propre disparition à force de clairs-obscurs somptueux. Cela va droit au coeur de l’Académie des oscars qui, comme treize ans plus tôt pour Impitoyable, lui lâche une paire de statuettes – meilleur film et meilleur réalisateur.
2009
Gran Torino de Clint Eastwood
C’est fini, après cela il raccroche. Si on verra encore certainement paraître des films réalisés par lui (il a notamment des projets consacrés à Nelson Mandela et Mark Twain), Clint ne devrait plus faire l’acteur après ce Gran Torino où il met en scène sa propre disparition avec force imagerie autosacrificielle. Avec une jubilation manifeste il campe un retraité raciste et ultra-conservateur qui se choisit une descendance en la personne d’un jeune garçon asiatique qui n’en demandait pas tant, plutôt que de laisser ses biens à sa progéniture white trash, une genération qu’il n’a pas l’air d’aimer beaucoup.
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