Encore un film hollywoodien postapocalyptique. Pas le meilleur.
Ce qui frappe en premier, dans Le Livre d’Eli, c’est la pauvreté de son imaginaire postapocalyptique – partagé par la plupart de ses contemporains, de la désespérante Route aux plus heureux Fils de l’homme –, son image évidemment terreuse, comme dévitalisée, ses étendues désertiques écumées par de solitaires samaritains, ses villages tout droit sortis d’un western de Sergio Leone, ses veuves et orphelins à sauver des griffes de bandits patibulaires, etc, etc. Pendant une première demi-heure plutôt efficace, on prend néanmoins un certain plaisir, purement régressif, à voir Denzel Washington (le samaritain, donc) occire onctueusement de la racaille cannibale, ainsi plus proche de son modèle de toujours, Henry Fonda (la droiture avant toute chose), que de Mel Gibson période Mad Max. Mais le plaisir retombe aux premières notes d’une intrigue poussive, dès que Gary Oldman (le chef des bandits patibulaires, donc) exprime son souhait, entre deux lectures d’une biographie de Mussolini, de mettre la main sur un mystérieux livre…
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Que tous les plans du film aient déjà été vus cent fois et que le scénario soit aussi passé que les couleurs n’est pourtant pas le pire. Non, le pire est bien le message, sans équivoque, de ce quatrième film des frères Hughes (réalisateurs du séminal gangsta-movie Menace II Society en 1993 – qu’il semble loin le temps de la révolte et des revendications…), délivré avec une frontalité qui ne manquera pas de surprendre les spectateurs laïcs : le livre en question, c’est la Bible, et c’est elle qui nous sauvera tous. Amen. Plusieurs films postapocalyptiques ont déjà exprimé, par le passé, cette idéologie messianique ; c’est même une des clés du genre. Mais jamais celle-ci ne s’était faite aussi littérale, aussi conquérante, aussi peu soucieuse de se fondre dans de moelleuses métaphores (à l’instar des Fils de l’homme ou de 2012, par exemple), même si, par souci œcuménique, le Coran et la Torah sont ramenés à égalité à la toute fin. Bush parti, les bigots rôdent toujours…
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