Nouveau film fauché de terreur subjective dis ans après le projet Blair Witch.
Un jeune couple, qui suspecte sa maison d’être hantée, se filme durant son sommeil (et aussi pendant la journée)… Explicitement inspiré du Projet Blair Witch, ce film de terreur fauché, tourné en caméra subjective pour une poignée de dollars, a fait la fortune de son réalisateur, Oren Peli, 38 ans. Outre le phénomène médiatique – le parcours du film, sa distribution, sa promotion savamment orchestrée –, l’intérêt du film est de prendre le contre-pied du fantastique actuel en simplifiant encore le principe de Blair Witch.
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Le film étant tourné dans une maison avec un dispositif de surveillance, on pourrait l’assimiler à de la télé-réalité. Mais c’est bien sûr une pure fiction, complètement écrite, avec des acteurs professionnels. L’intrigue et le suspense reposent sur un enregistrement vidéo pseudo-réel qui révèle une présence indéfinie et menaçante. Jacques Tourneur, génial directeur de spectateur dans les années 40 (La Féline, Vaudou), inquiétait en situant certains événements angoissants hors champ. Paranormal Activity joue avec des sons et des faits invisibles à l’intérieur même du plan : bruits de pas, de choc, la porte bouge, la lumière s’allume et s’éteint, le drap se déplace tout seul, un objet prend feu, des empreintes s’impriment dans le talc.
Ce genre de film, pauvre mais méticuleusement tourné, joue idéalement sur la frustration (de l’absence) et l’angoisse (de la présence) en même temps. Principe formidablement dynamique qui ne fonctionne que parce que tous les éléments s’agencent parfaitement. Le rôle du son est central. La plupart des manifestations ont lieu la nuit dans la chambre du couple, où l’homme a installé sa caméra. Cela favorise la concentration du public, qui n’a que les dormeurs à regarder. D’où une attention focalisée sur le moindre craquement. En fait, le spectateur visionne ce qui a été enregistré pendant la nuit (donc virtuellement, c’est du temps différé).
Le cinéaste utilise constamment l’avance rapide, gimmick essentiel du film, qui exprime non seulement le passage du temps – un time code indiquant l’heure –, mais révèle également certains phénomènes. Le film avance en accéléré. Le moment où il repasse en vitesse normale est le signe qu’il va se passer quelque chose (en général au milieu de la nuit). Le suspense vient en partie de là. L’accélération sert aussi à amplifier une anomalie. Voir la séquence où la jeune femme se lève et reste debout devant le lit, fixant son compagnon endormi (elle est possédée) pendant plusieurs heures (le time code l’atteste). Avec ce type d’effets minimalistes et extrêmement anxiogènes, Paranormal Activity ouvre une alternative lo-fi au fantastique hollywoodien en pleine surenchère numérique. Signalons enfin que le cinéaste, hésitant, a tourné trois fins différentes. On ne verra hélas en France que la plus simple.
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