Comment ce groupe, que l’on soupçonne de génie depuis huit ans, peut-il se contenter du bon, voire du banal ?
[attachment id=298]Dès leur tapageuse apparition sur la scène américaine avec le single Bang! de 2001, les Yeah Yeah Yeahs portaient en eux les prémices de la grandeur : une chanteuse au charisme scandaleux, Karen O, un batteur spasmatique comme l’Amérique n’en avait pas connu depuis Dave Grohl et un guitare cinglant, belliqueux, cristallin, Nick Zinner. L’admiration vint d’abord de leurs pairs, les White Stripes, Strokes ou Jon Spencer s’empressant d’embarquer le turbo-trio pour incendier leurs premières parties. On signa alors un chèque en blanc aux Américains, certains que ce mélange de furie et de sensualité déboucherait fatalement très vite, quelques part entre Blondie et PJ Harvey, sur des pop-songs éternelles et fulgurantes.
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Et dès le premier album, le magistral single Maps répondit présent à tous nos espoirs et speculations, compactant le brutal et le charnel en quelques minutes indécentes. Souvent, pourtant, le groupe se contentera ensuite de vivre sur son crédit, sans forcer, sans tenter, osant même parfois le banal quand Karen O et Nick Zinner ne devraient se satisfaire que de l’excellence. Dispersé souvent entre deux featurings ici ou là, le trio revient en rang serrés, sous la houlette habituelle de David Sitek, l’alchimiste détraqué de TV On The Radio.
Et là réside peut-être le problème du groupe : s’être déjà, galvanisé par un début dans la vie d’une insolente facilité, installé dans un confort, sur ses lauriers. Tous plus audacieux en dehors du groupe que sous cette bannière à laquelle on a peut-être prêté trop d’intentions et de possibilités, aussi bien Sitek que le trio restent ici confinés, c’est un comble pour de telles têtes brûlées, dans un rock assez formel et prévisible.
Comme tétanisé par les attentes et le trademark Yeah Yeah Yeahs, chacun semble négliger, pour l’intérêt supérieur du vaisseau amiral, ses rêves de fugues et cascades, à commencer par la production mystérieusement raisonnable, voire ampoulée de Sitek (le pataud Shame & Fortune, le grandiloquent Runaway, noyé dans les effets de manche et la poudre aux yeux).
Heureusement, le groupe échappe parfois à la gravité de son noyau, notamment ici sur l’électro-pop friponne de Soft Shock (Garbage à son meilleur), sur l’onirique Skeletons ou sur le rock mille-feuilles de l’électrique Dull Life. Mais une fois encore, les New-Yorkais jouent les under-achievers, offrent déception et frustration. Yeah Yeah Yeahs ? Mouais Mouais Mouais.
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