La jeune Anglaise turbulente Micachu offre un étrange premier album, entre rock concassé et pop malgré elle. A voir aux Femmes s’en mêlent, et à découvrir ici en chronique et en clip.
Dans le civil, Micachu s’appelle Mica Levi. Mais ça devrait s’écrire Mica Les Vies, tant la jeune Londonienne semble mener double, voire triple vie. Quand on la découvre ainsi sur scène, elle semble un pur produit de l’art-pop britannique – un genre d’art brut coloré, nourri dans les meilleures brocantes et éduqué dans une parfaite indocilité. Un chaos braillard et joyeux, joué en complète incompétence par un trio tellement pressé qu’il en oublie en route ses jolis refrains, ses mélodies qui s’accrochent aux branches pendant toutes les ruades et cascades. En une dizaine de chansons agitées, ces concerts vous donnent l’impression de visiter, en un vertige, votre discothèque à toute berzingue – avec un “b” comme Beck ou Björk et un “z” comme Zappa ou zavapalatête. [attachment id=298]Un bordel pourtant savamment organisé et bâti par Mica Levi, pour qui la simplicité, voire la précarité, est un travail de très longue haleine : pour obtenir cette épure frustre, pour revenir aux fondements d’un artisanat pop naïf et fébrile, il lui a fallu déjouer, désapprendre même parfois un immense savoir. De son lourd et très impressionnant bagage dans le classique (ses pièces mutantes ont été jouées, à même pas 20 ans, par l’Orchestre philharmonique de Londres), Micachu a surtout retenu un goût pour la ligne brisée, les grands espaces sans garde-chiourmes et les prodigieuses possibilités du foisonnement d’instruments. Mais c’est sa troisième vie qui cimente les deux autres, rendant cohérent ce qui n’aurait pu être que parallèle : Mica Levi, repérée à l’occasion de quelques remixes (Metronomy…), est aussi une productrice recherchée, notamment dans le hiphop. Elle seule pouvait ainsi donner vie à un monstre aussi aléatoire, un sens et du sang à des pièces détachées aussi cagneuses. Mélange d’énergie follasse et de pointillisme nié, de fulgurances pop (le single Golden Phone) et de gai vitriol, d’electro, de r’n’b, de punk et d’expérimentations, ce premier album pourrait épuiser. Il offre pourtant, comme par exemple avec un Just in Case à la production géniale, de jolies portes d’évasion et des visions de progrès à cette bonne vieille pop anglaise.Album : Jewellery (Beggars/Naïve)
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Micachu Jewellery
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