Longtemps cantonné aux seconds rôles, Tommy Lee Jones s’est révélé sur le tard un excellent acteur hollywoodien, capable de jouer aussi bien Double-Face qu’un des men in black ou encore le space cowboy vieillissant pour Eastwood. Le fruit de sa collaboration très orageuse avec Bertrand Tavernier, Dans la brume électrique, sort en salle cette semaine.
1979
Les Yeux de Laura Mars de Irvin Kershner
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Après une première apparition proche de la figuration dans Love Story, Tommy enchaîne les seconds rôles dans des films rarement très marquants, parmi lesquels ce thriller ésotérique inspiré d’une idée de Carpenter où il fait face à une superbe Faye Dunaway. Le film est néanmoins sans grand relief et, pour l’instant, Tommy aussi.
1981
Nashville Lady de Michael Apted
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La carrière de Tommy ne décolle toujours pas. Dans le très académique Nashville Lady, un biopic de la chanteuse Loretta Lynn, il campe un mari exemplaire. Pas mal, mais c’est sa partenaire Sissy Spacek qui remporte l’oscar de la meilleure actrice… et si le film peut se vanter de six autres nominations, la prestation de Tommy n’est pas du nombre.
1988
Stormy Monday de Mike Figgis
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A la fin des années 80, Tommy finit par se trouver (provisoirement) sur l’échiquier hollywoodien, en la case du bad guy de série B. Cela donnera notamment Opération crépuscule, Piège en haute mer, et cet aimable B-Movie où, dans un costume de magnat véreux régnant sur un Newcastle déliquescent, il enquiquine la jeune Mélanie Griffith et… Sting, régional de l’étape.
1992
JFK d’Oliver Stone
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Avec les années 1990 commence une nouvelle ère pour l’acteur. Oliver Stone lui offre le rôle de Clay Shaw (poursuivi pour l’assassinat de Kennedy) dans JFK. Cela lui vaudra sa première nomination aux oscars, dans la catégorie Meilleur second rôle masculin… Mais, surtout, le film offre à sa carrière un nouvel élan et initie sa collaboration avec Oliver Stone : JFK sera suivi d’Entre ciel et terre en 1993 et de Tueurs nés en 1994.
1995
Batman Forever de Joel Schumacher
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A l’aise depuis un moment dans les rôles de méchants, Tommy incarne le schizophrène Harvey Dent et son avatar le diabolique Double-Face dans une récupération ultra-camp de la franchise Batman par l’odieux Joel Schumacher. Mais les fans des comics n’accrochent pas vraiment à son interprétation figée et ses rictus. Ils préféreront, treize ans plus tard, la prestation plus charismatique et charnelle d’Aaron Eckhart dans The Dark Knight de Nolan.
1997
Men in Black de Barry Sonnenfeld
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Ayant enfin accédé à une reconnaissance massive, Tommy enchaîne désormais les blockbusters, pour le pire (Volcano) comme le meilleur (ici avec Will Smith dans cette parodie farcesque de film de science-ficion xénophobe qu’est Men in Black).
2003
Traqué de William Friedkin
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Trois ans après une performance pleine d’ambiguïté dans le douteux Enfer du devoir de William Friedkin, Tommy retrouve le réalisateur de L’Exorciste pour cet éblouissant thriller sauvage et abstrait qu’il l’oppose à Benicio Del Toro – confrontation qui vaut aussi pour deux écoles d’acteurs hollywoodiens : Jones l’Instinct vs Del Toro la Méthode. Et l’Instinct gagne par KO.
2005
Trois enterrements
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Tommy Lee Jones s’était essayé à la réalisation avec le téléfilm The Good Old Boys en 1995… Il réitère avec le western Trois enterrements, où il cumule les casquettes de réalisateur et d’acteur principal. Il se met en scène dans la peau d’un cowboy, qui s’acharne à vouloir offrir à son meilleur ami un enterrement décent. Visuellement soigné, le film est une réussite sur tous les fronts : complimenté par la critique, le film reçoit aussi le prix du Meilleur scénario et de la Meilleure interprétation masculine à Cannes.
2008
No Country for Old Men de Joel et Ethan Coen
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Vieillissant, l’acteur n’endosse plus que des rôles qui interrogent l’obsolescence du monde ancien et de ceux qui en viennent (comme dans Space Cowboys d’Eastwood en 2000). Pour les frères Coen, il reprend – c’est devenu récurrent – ses habits de flic texan : « Le rôle m’attirait beaucoup, même si je dois avouer avoir un peu hésité au départ. J’ai joué plus que ma part de représentants de la loi texans au cours de ma carrière ! ». Mais en incarnant un homme que l’âge a rendu désabusé, égaré dans le cruel monde moderne, l’acteur est particulièrement touchant.
2009
Dans la brume électrique de Bertrand Tavernier
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L’acteur produit Bertrand Tavernier, invite ses potes (Buddy Guy ici dans un petit rôle) et fout le boxon dans le tournage sur fond de bayou de ce polar adapté de James Lee Burke. Malgré les rapports plus que tendus entre Tatave et Tommy, le film est plutôt pas mal du tout, et l’acteur sort une prestation magnifique dans ce rôle qui lui colle désormais à la peau de shériff vieillissant et déphasé, mais toujours aux aguets.
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