Retour de flamme passionnel entre deux amants. Mais tout paraît truqué et désinvesti.
Mathieu (Yvan Attal), la quarantaine, est un architecte parisien. Un jour, il retourne dans la petite ville où il a passé son enfance pour s’occuper de sa mère, qui vient d’être hospitalisée. Dans la rue, il croise le regard d’une femme de son âge, Maya (Valeria Bruni Tedeschi). Quinze ans plus tôt, Mathieu et Maya ont vécu une histoire d’amour destructrice, interrompue par le départ subit, sans un mot d’explication, de Mathieu. Mais la flamme n’est pas tout à fait éteinte et n’attendait qu’un souffle pour rejaillir…
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Au bout de cinq minutes de film, on se dit : “Mais c’est La Femme d’à côté !” – qui semble travailler nos cinéastes quadragénaires français puisqu’il avait déjà inspiré, sur un versant plus urbanistique (les deux maisons qui se font face), Les Sentiments à Noémie Lvovsky. Tout y est : la rencontre de hasard avec l’amour de jeunesse, le retour de flamme qui vous dépasse, le regain passionnel… Mais le film de Cedric Kahn ne marche pas du tout sur les traces de Truffaut, adoptant un ton aussi particulier que déroutant. Rien d’ardent ici, par exemple : tout est froid, petit et antiérotique à souhait. Quand parfois Yvan Attal et Valeria Bruni Tedeschi ne peuvent plus contenir leur désir et baisent “sauvagement”, c’est toujours et pépèrement en levrette. Leurs cheveux sont gras, Valeria roule en R5, et l’image du film ressemble à une serpillière usagée.
Quand Yvan Attal décide exceptionnellement de jouer les grands seigneurs et de leur payer une chambre avec baignoire dans un Relais et Châteaux, le parquet grince, les abats-jours sont jaunis. Bientôt, tout nus dans leur bain, les deux tourtereaux se biturent à… la Guinness en canette. Tout le film est dans le choix de ce breuvage tue-glamour, dans cette vision de l’adultère forcément mesquine, sans imagination et radine. La passion de ces amants-là est aussi torride qu’une conférence d’actionnaires chez Picard.
La faute à trop de distance, de cynisme, d’esprit critique et d’analyse. Trop de psychologie aussi, puisque l’histoire de ces amants-là se résume pour Kahn à un cas névrotique : à la rencontre entre une hystérique et un phobique, une chieuse et un lâche. Cedric Kahn, dont nous avions apprécié le premier film, Bar des rails, puis L’Ennui, Roberto Succo, voire Feux rouges et dont le film précédent, L’Avion (en 2005), était une catastrophe, possède un regard peut-être trop clinique et synthétique pour ce genre de sujet, qui réclame de l’abandon, de l’intérêt pour le singulier. Dommage.
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