Le scénariste de Babel propose un nouveau Meccano existentiel lourdingue.
Lové jusqu’à présent dans les bourrelets de la mise en scène d’Iñárritu (d’Amours chiennes à Babel) ou de celle, plus sèche, de Tommy Lee Jones (Trois enterrements), le scénariste Guillermo Arriaga réalise là son premier long métrage et confirme que oui, c’était bien lui, l’architecte visionnaire des narrations cubistes (tendance Duplo) sur les hasards de la vie, le poids de l’âme, la complication (plus que la complexité) du monde, et autres inepties à la (Le)louche. Le système et le propos sont ici les mêmes – appelons cela “qualité mexicaine” –, à la différence qu’une fois ôtée la graisse du compadre palmé (pour sa mise en scène, en 2007), le brouet s’en trouve instantanément plus digeste. C’est la première(et dernière) surprise du film : Arriaga est bien meilleur réalisateur qu’Iñárritu, capable par exemple d’une finesse dans la mise en place des scènes d’intimité que son ancien collègue n’est pas près d’égaler. Pendant la première demi-heure, quelque chose prend dans l’installation de fils fictionnels intriqués et déployés sur plusieurs époques, et territoires (le Mexique, le Texas, l’Oregon). Arriaga scrute plusieurs états de la blondeur : soit intrépide (la jeune et convaincante Jennifer Lawrence), mélancolique (Charlize Theron en mode lacrymal, comme toujours) ou légèrement fanée (Kim Basinger, bouleversante, dont le come-back se fait en parfaite symétrie avec l’autre revenant du mois, Mickey Rourke, son partenaire dans le mythique 9 semaines 1/2). Mais, las, une fois le puzzle remis en place, l’illusion de virtuosité se dissipe, laissant place à l’agacement lorsqu’il devient clair qu’Arriaga nous ressort son habituelle rengaine sur le poids de la culpabilité – qualité mexicaine oblige. Le semblant de liberté dont semblent jouir les personnages – on apprécie ainsi que le mari redneck ne soit pas trop accablé, ou que l’histoire d’amour entre Basinger et son amant ne soit dessinée qu’à grands traits – disparaît dans les rets d’un scénario cadenassé et sur-habile, alignant les rimes balourdes (chacune y va de sa cicatrice) et les métaphores à la Forrest Gump (la vie, c’est un peu comme un vol d’oiseau, et des fois on se prend des cailloux). Tout ça pour ça, comme dirait l’autre.
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