En Angleterre, au défricheur Great Escape Festival, les Français fantasques de Naïve New Beaters sont partis en campagne. Sur disque, sur scène et sur le dance-floor : pas (que) des rigolos. Récit avant leur date, demain, à l’Elysée Montmartre.
[attachment id=298]Nous sommes sur le front de mer de Brighton, devant l’entrée du Queens Hotel, là où les trois Français de Naïve New Beaters vont se produire, dans le cadre du Great Escape Festival, un rendez-vous ultradéfricheur qui vous fixe les dix mois à venir, et où les programmateurs de festivals viennent quasiment s’épier. De jeunes Anglaises se retournent un peu étonnées sur l’étrange poncho du chanteur David Boring, qui discute le bout de gras avec ses deux acolytes, Euro- Belix (claviers) et Martin Luther BB King (programmation). Comme beaucoup d’autres groupes français présents en même temps à Brighton (Kap Bambino, Koko Von Napoo, Cocoon), les Naïve New Beaters font parler. Mais qui sont donc ces jeunes Français qui débarquent sans complexes en Angleterre et qui font de la pop bonne “comme là-bas dis” ?
“C’est vrai qu’on fait partie de ces groupes qui ne pensent plus leur musique dans un cadre exclusivement français, explique EuroBelix. On ne s’en cache pas, nos modèles, ce sont des groupes comme Phoenix, qui voient jusqu’en Angleterre et aux Etats-Unis. Mais tout ça ne veut pas dire qu’on ne s’intéresse pas à la France, au contraire, on sort d’une tournée française et on s’est amusés comme des dingues, c’est juste que ça ne nous suffit pas.”
Et Dieu sait qu’avec leur premier album, Wallace, tout juste arrivé dans les bacs, les trois larrons, avec leur look de proto-voleurs de poule, ont le droit d’y croire vivement. Mixé par Nick Terry, repéré chez Klaxons ou encore Simian Mobile Disco, le disque est tout simplement bluffant, fourmillant d’influences : on y retrouve le groove pop et infectieux des Stone Roses (l’incroyable morceau de fin The Last Badaboum), un phrasé qui s’est nourri au hip-hop, la déglingue nonchalante de Pavement (Just Another Day), mais aussi des accents French Touch évidents (grand fan, l’excellent Philippe Zdar avait d’ailleurs invité nos jeunes amis en première partie du dernier concert parisien de Cassius).
Et l’ensemble tient debout et se déhanche de manière presque arrogante, poussé aux fesses par un humour dingue, qui fait des Naïve New Beaters l’un des groupes les plus attachants du moment. Il suffit d’ailleurs de les avoir vus au moins une fois dans sa vie en live pour devenir complètement accro aux performances du groupe, qui traîne désormais derrière lui et grâce à MySpace une cohorte de fans transis. Les Kills ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, proposant tout simplement aux jeunes Français d’assurer en 2008 la première partie de leurs dates à Londres et à Paris.
Il faut dire qu’à trois seulement, nos amis parviennent à faire de chacune de leurs sorties une kermesse pop incroyable, grâce à l’incroyable David Boring, que l’on peut résolument classer parmi les dix personnes les plus drôles du pays (regardez les vidéos du groupe disponibles sur YouTube ou Dailymotion pour vous en persuader, ça vous transforme une sale journée de novembre en plage pleine de filles en tangas fluo). A tel point que les Naïve New Beaters ont à un moment donné songé à réduire la voilure sur le lol, pour éviter que la crédibilité de leur musique puisse en souffrir – on trouve toujours un vieux critique pisse-froid et dépressif pour estimer qu’un groupe qui sourit vaut moins qu’un groupe dont le pauvre chanteur à demi dégarni menace de s’ouvrir les veines à chaque refrain. “Mais bon, c’est plus fort que nous, dès qu’on se retrouve sur scène ou devant une caméra, on a envie de faire le show. C’est comme ça, et puis ce n’est pas parce qu’on fait des blagues que notre musique en est une, on a compris ça”, explique EuroBelix, le sourire aux lèvres et une grosse pinte à la main.
Et les gens de Brighton pourront vous le confirmer, quand les Naïve New Beaters montent sur scène, ben c’est pas pour rigoler sa mère. Si l’excellent David Boring met toujours l’ambiance – en checkant par exemple les spectateurs un à un à Brighton –, le groupe parvient aussi à envoyer les morceaux de son album Wallace avec une énergie et une luminosité dingues. Il fallait voir les Anglaises s’agiter comme des petites saucisses miniatures portées à ébullition lors du concert du groupe dans le basement du Queens Hotel, ou le lendemain dans une autre salle de la ville, Audio.
Sous les yeux des spectateurs anglais mais aussi des agents ou autres programmateurs du monde, les Naïve New Beaters ont encore prouvé qu’ils en avaient sous la pédale, et que leur petite escapade anglaise n’était qu’une mise en jambes et une prise de contact pour les mois qui viennent. Mais que les fans français se rassurent, ils auront leur part aussi, puisque le groupe aux tenues bariolées et aux cheveux longs dans le cou s’apprête à sillonner les festivals en juillet-août, avec dans sa besace en peau les Live Good et autre Bang Bang qui vous feraient danser un homme aux tibias brisés. Vivement l’été.
Album : Wallace (Cinq7)
En concert : le 4 juin à Paris (Elysée Montmartre)