Extraits des chroniques des albums d’AC/DC, publiée in extenso dans le hors-série que leur consacrent les Inrocks : toute l’histoire d’un groupe phénomène, de 1976 à l’éternité, des hauts aux bas, des cartons platinés aux ratages boudés.
[attachment id=298]High Voltage (1976)
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Enregistré en 10 jours, texte fondateur d’une religion de la déconne et du gros son, chez AC/DC la messe ( noire ) est dite dès ce premier album. Des riffs jouisseurs d’Angus Young au blues exorbité, tout ce qui allait trente cinq ans plus tard, faire la joie de tous les Bercy et stades de la planète était déjà parfaitement au top, formé, pesé et emballé.
Dirty Deeds Done Dirt Cheap 1976 (sortie en 1981 au USA)
Dirty Deeds Done Dirt Cheap est, pour les non fans, une excellente porte d’entrée, facile d’accès, à l’univers du groupe. La musique est irréprochable, du boogie blues à la fois minimaliste et supersonique, jouée au fil du hachoir. Cet album séminal est un concentré d’AC/DC, un mélange de farce et de pure méchanceté, où l’on entend les préliminaires des hymnes à venir.
Let there be rock (1977)
En écho lointain d’un punk qui dynamite la musique occidentale, AC/DC concentre sur huit titres une pure violence canalisée grâce à une technique parfaitement maîtrisée par le couple Vanda & Young qui fait honneur à la débauche de riffs de guitares. Le groupe déroule ses thèmes de prédilection et offre des titres entrés dans l’histoire, tel l’apocalyptique Hell Ain’t a Bad Place to Be.
Powerage (1978)
Avec l’arrivée d’un nouveau bassiste, Cliff Williams, aimant à groupie, AC/DC expérimente. De la retenue dans la débauche sonique, et un positionnement très blues, mais du blues à la AC/DC : saignant, pimenté, tranchant, et relevé à la sauce rock. Album le plus « tranquille » d’AC/DC, la fureur du groupe n’est pourtant pas jamais loin, comme le prouve la salve finale qu’est Up to my Neck couplé à Kicked in the Teeth.
[attachment id=298]Highway to Hell (1979)
Cet album au succès fracassant à travers le monde sacrera illico AC/DC en héros des sacs US, badges, et gribouillages sur les cahiers et les vestes en jean. Autour de trois singles en béton – l’hymne des cornes de diable Highway to hell, le sec et vitupérant Touch Too Much, et le saignant If you want Blood (You’ve got it)-ce cinquième album, dernier de Bon Scott, rassemble large autour de son ambiance potache et gore.
Back in Black (1980)
Œuvre unique dans la carrière d’ACD/DC, le groupe réussit, quelque mois après la disparition de Bon Scott à accoucher d’un album monstrueux. Malgré le funeste emballage noir et le titre hommage (Back in Black), cet album s’emballe dès le premier titre dans un boogie endiablé (Shoot to Thrill).Le nouveau chanteur, Brian Johnson, remplace les excès alcoolisés de son prédécesseur par une savante maitrise de sa personnalité, et contribue à huiler les rouages de la machine de guerre qu’est en train de devenir AC/DC.
For Those About to Rock (We salute you) (1981)
Avec ce disque enregistré à Paris, AC/DC commence ses années en dents de scie. Le groupe enchaine en forçat du rock albums et tournées depuis 1975 et commence à envoyer des morceaux frôlant la troisième classe. Les albums défilent avec la régularité d’un métronome, La déception globale est atténuée par le titre For Those About to Rock, trésor de puissance rentrée et morceau marquant de l’album qui clôt tous les shows du groupe.
Flick of the Switch (1983)
Dès sa sortie, le mal aimé Flick of the Switch est décrié. Pour beaucoup AC/DC approche du terminus, des tensions s’installent lors de l’enregistrement qui verra le départ du métronomique frappeur Phil Rudd. Sur cet album auto-produit, Brian Johnson a beau s’acharner, les frangins Young ne pas démériter, et les refrains s’insinuer dans les caboches, les fans semble LAC/DC.
Fly On the Wall (1985)
Fly On the Wall est le seul vrai ratage de la carrière d’AC/DC. Si la pochette affiche un sympathique côté cartoon, les chansons, elles, sont en carton. Le groupe semble d’autant plus en pilotage automatique qu’il a décidé, bis repetita, de se produire lui-même. Alors que les ventes fondent, et que le public se tourne vers de nouvelles teenage sensations, AC/DC, bloqué dans son espace-temps mais toujours attraction populaire en live, ne semble pas le remarquer.
Who Made Who (1986)
Voila la compile qu’AC/DC s’est toujours refusée à sortir. Elle est habilement présentée sous un enrobage de B.O, mais on y retrouve tous les tubes du groupe époque Brian Johnson. En bonus le titre Who Made Who qui illustre Maximum Overdrive, la première réalisation de Stephen King, œuvre à la destinée bien moins fructueuse que ses livres. A l’inverse cet hymne fédérateur connaîtra un franc succès, ouvrira les concerts de la tournée US de 1986. L’album sera le premier album platine aux Usa depuis For Those About to Rock en 1981.
Blow up your Video (1988)
Enfermé dans sa tour d’ivoire, AC/DC ne prend guère plus de risques que précédemment. Bien que le groupe ait enfin eu l’idée de confier la production à une équipe compétente, rien dans cet album ne peut rivaliser avec la période 75-80.A part le très mélodiquement abouti Two’s Up, où déboule toute la classe du groupe durant cinq minutes. Le genre de pépite qui rachète tout un album encore convalescent.
[attachment id=298]The Razor’s Edge (1990)
L’album qui va ramener les fans au bercail. De nouveau à la tête de tournées gargantuesque, AC/DC ne risque plus rien. Le groupe en profite, l’air de rien, pour balancer un hymne, un vrai : Thunderstruck, hit imparable. On trouve sur ce disque d’autres titres festifs et enclins à lever le poing comme Are You Ready, AC/DC entamant ainsi la décennie de son renouveau d’humeur badine.
Ballbreaker (1995)
De retour en tête de gondole, AC/DC à présent marque déposée du hard-rock revient casser les pieds aux opposants du genre. Si le gage de constance qu’il promettait à ses débuts tonitruants n’agit plus que par intermittence, le public s’est réapproprié son groupe devenu une locomotive intemporelle aux shows dantesques. Le groupe en phase avec son temps s’est ici adjoint les services du producteur Rick Rubin et de Mike Fraser, et le son est là.
Stiff Upper Lip (2000)
Contrairement à son prédécesseur Ballbreaker, Stiff Upper Lip est un album super-bluesy, sanctifiant chaque coup de médiator d’Angus et au final sacrément réussi. Meldtown est imparable, le beat de Hold Me Back pénètre par tous les [attachment id=298]pores de la peau et Can’t Stand Still a tout d’un tube avec ses faux airs de Thunderstruck. Ne serait-ce la voix de Brian, plutôt en forme d’ailleurs, on se croirait revenu à l’époque de Powerage.
Black Ice (2008)
Après huit ans à compter ses points de retraite, AC/DC s’est dit qu’il devait lui manquer quelques trimestres pour partir au top. Car même s’il remâche les mêmes canevas bluesy soft et les mêmes éructations râpeuses, le quintette tente ici de s’affranchir du conservatisme qui sied à son style. Le groupe signe son album le plus varié, si ce n’est le plus réussi depuis Back In Black en 1980.
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