Une comédie nerd regorgeant de seconds rôles de chez Judd Apatow.
Au vu de la bonne santé de la comédie US, on courrait voir tout film mettant en scène seconds ou tiers couteaux du genre. Connaissant les collusions entre Frat Pack, (Judd) Apatow Crew et les “autres” (les Adam Sandler ou Jim Carrey) au sein de la constellation, c’est l’assurance de numéros surprises, d’échangisme comique. A ce titre, Les Grands Frères ne déçoit pas : on y allait pour Paul Rudd (second rôle dans En cloque, mode d’emploi), on se retrouve avec Jane Lynch (la Glenn Close castratrice – pléonasme ? – trash de 40 ans, toujours puceau), Ken Jeong (le sinistre gynéco d’En cloque…) et Christopher Mintz-Plasse, alias McLovin, le sublime nerd de SuperGrave. Soit une distribution de production Judd Apatow pour un film braconnant sur les mêmes terres : ou comment deux VRP en boisson énergétique, immatures forcément, se retrouvent, pour un travail d’intérêt général, à jouer les mentors pour des ados esseulés. Comme petit frère adoptif des productions Apatow, où les héros prennent une leçon de vie sans se renier, le film s’en tire très bien. L’équilibre entre comédie teen, comédie romantique et comédie nerd est réussi : c’est ici une incursion dans l’univers du jeu de rôle grandeur nature, où l’on se déguise pour refaire des batailles médiévales à coups d’épées en mousse. Le gag férocement régressif fait mouche (comment ne pas tomber dans le graveleux avec du touche-hot-dog). Une fois que les “ringards” gagnent, que reste-t-il comme valeur ajoutée au genre ? Il y a d’abord Rudd, qui gagne ses galons de premier rôle. Sa partition de mignon pince-sans-rire est connue mais fait un joli contraste (de rythme) avec Seann William Scott (American Pie), pour une fois supportable en obsédé sexuel. Mais c’est lorsque Rudd philosophe sur les nomenclatures de tailles de boissons d’une chaîne de cafetiers US – ou l’on dit “tall” pour petit – qu’apparaît la surprise du film. Une fine observation sur comment le langage construit et enferme : chez un gamin jurant comme un charretier (un croisement jubilatoire entre le Arnold d’Arnold & Willy et le Eddie Murphy à la langue vitriol des débuts) ou le nerd parlant en pseudo-langage moyenâgeux. De quoi penser à une version US – certes avec le mot “nibard” à chaque paragraphe – du remarquable essai sur le langage de Michel Chion, Le Complexe de Cyrano.
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