Le rappeur promet un album anti-auto-tune et en profite pour sortir un single en forme de manifeste dédié à sa cause… et produit par Kanye West.
Face au tsunami de production sévèrement auto-tunées (du dernier album de Kanye West à La Fouine), Jay-Z a décidé de sortir un album à contre-courant. Le rappeur a beau être meilleur-pote avec certains des chantres de l’auto-tune, la mode de la voix métallique qui fait sonner comme Phil Collins ayant pris de l’helium au mariage de sa cousine ne passera pas par lui. Dans cette optique, Kanye West, attaché à la production du très attendu Blueprint 3 (à sortir le 11 septembre), avait déjà annoncé avoir viré « tous les morceaux retravaillés à l’auto-tune » à la fin du mois de mai dernier. Pour aller un peu plus loin, hier sortait un premier single, sorte de manifeste anti-auto-tune, finement intitulé D.O.A. (Death Of Auto-Tune) produit par No-ID et Kanye West.
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« Yall niggas singing too much/Get back to rap, you T-Painin’ too much! »
Visiblement destiné à tous les rappeurs qui ont passé ces dernières années à s’amuser à avoir une voix de robot plutôt qu’à rapper, le morceau, si on en croit Jay-Z dans une récente interview, ne concerne pas ses potes T-Pain, Lil Wayne ou Kanye.
Pour ceux qui auraient loupé quelques épisodes, le rap actuel, des States aux Yvelines, est divisé en deux clans : ceux qui kiffent l’auto-tune et les autres. Derrière ce nom bizarre se cache un programme informatique créé en vue de corriger la voix en réajustant les fausses notes. A la différence du vocoder (qui est un dispositif électronique qui analyse les principales composantes spectrales de la voix et en fabrique un son synthétique modulable) et de la talkbox (sorte de tuyai/paille à placer dans sa bouche relié à un synthétiseur ou une guitare) popularisé par Roger Troutman de Zapp, l’auto-tune était, jusqu’à récemment pratiquement imperceptible, puisqu’il était utilisé par l’industrie musicale pour corriger les voix faiblardes depuis la fin des années 90. Employé de manière volontairement déformante par Cher en 1998 (Believe), l’auto-tune est depuis devenu depuis un instrument à part entière. Massivement utilisé par son ambassadeur officiel T-Pain, l’auto-tune est devenu obligatoire dans le milieu hip-hop/r’n’b – de Lil Wayne à Booba en passant par Britney Spears.
La question de l’auto-tune est devenue un réel sujet de discorde en France avec la sortie du dernier album de Kanye West, 808’s & Heartbreak. Les bouleversantes litanies auto-tunées de Kanye avaient alors été sauvagement critiquées, notamment en raison de l’utilisation de l’auto-tune sur absolument tous les morceaux.
Le pseudo-combo Roger Riley & Teddy Troutman – en [attachment id=298]référence à Teddy Riley (Guy, Blackstreet) et Roger Troutman (Zapp) – sortait alors sur le net Death of Autotune, un album concept dont la pochette était un (joli) détournement direct de l’artwork de Kanye West. Et dont la tracklist comptait une douzaine de morceaux cultes du hip hop retravaillés version auto-tune. Le résultat était clairement craignos et venait ajouter de l’eau au moulin de ceux qui insistaient sur l’uniformisation des voix dans le rap. Avec des punchlines comme « This is anti Auto-Tune, death of the ringtone / This ain’t for iTunes, this ain’t for singalongs« , Jay-Z s’inscrit visiblement dans leur camp.
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