Un film d’espionnage visant une efficacité spectaculaire à l’américaine, mais qui n’évite pas une certaine confusion intellectuelle.
Dès son générique qui effeuille et multiplie un vaste réseau d’images du monde, Secret défense affiche sa volonté d’ouvrir le cinéma français à une échelle plus large, à un cinéma d’action à l’américaine où tout serait plus rapide et surdimensionné (cf. Mesrine).
Un intéressant leitmotiv émerge de cette ambition, qui synthétise bien les promesses d’efficacité formelle posées par le film et ses dangers : un défilement strié d’images et de corps qui dessine à l’écran comme une traînée fantomatique. Hélas, plutôt que d’ouvrir les portes, via ces balayages virtuels, d’un monde parallèle qui serait à la fois celui des agents secrets et des terroristes, Haïm semble pris de court par ses effets de vitesse et parvient rarement à y intégrer un peu de crédibilité psychologique : on ne croit pas du tout au recrutement sauvage par la DGSE d’une étudiante, ex-prostituée. De plus, la comparaison très simpliste établie entre le statut de cette espionne malgré elle et celui d’un ex-taulard, converti à un islam radical et futur terroriste – tous deux sont présentés comme des victimes sacrifiées –, fait sérieusement tiquer.