Comédie de remariage correcte mais sans grande invention, malgré un timide clin d’œil à Bollywood.
Pendant que la comédie romantique (versant loufoque) est totalement régénérée par les losers/puceaux de la mouvance Ben Stiller/Judd Apatow, les vieilles recettes persistent en parallèle. On le constate avec ce produit qui dépasse allègrement la limite de péremption en empruntant les sentiers rebattus de la comédie du remariage – une femme est, sans le savoir (à cause d’un bidouillage informatique), l’épouse d’un homme qu’elle ne connaît pas, donc qu’elle va détester d’emblée dès qu’elle le rencontrera. On sait comment ça finit habituellement (le hic, c’est qu’on le sait trop)… Après la farce policée de la psychanalyste s’avérant être la mère de son fiancé – Petites confidences (à ma psy) – Uma Thurman récidive dans la comédie bon chic bon genre. Elle incarne ici Emma, alias Doctor Love, célèbre conseillère sentimentale de la radio, genre Allô Macha, qui est sur le point de se marier.
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Mais celle-ci découvre in extremis, à son grand dam, qu’elle l’est déjà (mariée).
D’où des quiproquos en cascade qui ne mangent pas de pain et se laissent voir. Cependant, on serait en peine de citer une seule scène saillante, un seul morceau de bravoure, dans ce produit gentil (pour) senior(s). Tant qu’à naviguer dans le pré-troisième âge, on conseille dans un registre contigu la kitschissime comédie musicale Mamma Mia! qui, elle, pousse la mièvrerie jusqu’à l’apothéose baroque (on y retrouve le très guindé Colin Firth, guère plus excitant dans un film que dans l’autre). La seule particularité notable d’Un mari de trop est un running gag qui tombe comme un cheveu sur la soupe et n’est clairement motivé par rien de tangible : le simple fait que le héros, pompier new-yorkais un peu rustre – une version très édulcorée du jardinier primaire de Tout ce que le ciel permet de Douglas Sirk – habite littéralement dans un restaurant indien. Clin d’œil branchouille à Bollywood pour épicer une sauce un peu fadasse ou bête intonation politiquement correcte ? On se perd en conjectures. En tout cas, cette infime originalité ne change rien au problème ni à l’impression persistante de voir une œuvre presque rétro, largement dépassée à la télévision par Desperate Housewives ou Sex and the City ; ou bien au cinéma par la très riche descendance de Blake Edwards (Apatow & Cie.). En fait, malgré quelques alibis cosmétiques, ça n’est pas loin de ressembler dans les grandes lignes à une précédente comédie de remariage plus réac et républicaine, le redoutable Fashion victime, qui faisait l’éloge du redneck, remplacé ici par le très consensuel pompier new-yorkais (= héros du 11-Septembre).
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