Seconde et bien tardive adaptation au cinéma de la série culte des 90’s. Malgré un scénario impossible, Chris Carter marque des points sur la mise en scène.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Que faire de plus ? C’est sans doute ce qu’a dû penser Chris Carter le 11 septembre 2001, alors même que sa série X-Files s’arrêtait après neuf ans de domination télévisuelle écrasante. Lui qui avait passé la décennie à prophétiser l’ère du complot généralisé était dépassé par la réalité, alors que des théories conspirationnistes, plus ou moins abjectes, se répandaient comme traînée de poudre. Depuis, celui que le critique Louis Skorecki appelle le “Hitchcock de la télé”, avait complètement disparu de la circulation, comme si les manigances de l’ère Bush l’avaient tenu à l’écart de la fiction : à quoi bon lorsque le JT est plus fort que vos scénarios ? Ce nouveau dossier X s’ouvre ainsi par un commentaire laconique, un des plus drôles et pertinents faits sur George W. Bush : alors que Mulder et Scully, rappelés à la rescousse par le FBI pour une affaire délicate, s’arrêtent, interloqués, devant le portrait du Président accroché sur une porte, le célèbre gimmick musical de la série s’enclenche. Ça ne dure pas plus de 5 secondes, et tout est dit : l’événement le plus étrange et inexplicable de tous est bien la double élection de cet homme à la présidence du pays. A l’inverse du premier film (X-files : Combattre le futur, 1998), Régénération choisit donc de délaisser la grande trame politico-conspirationniste au profit d’une simple histoire de monster of the week, banal épisode de la série étiré sur deux heures. Simple histoire ? Pour ne pas briser le suspense, disons simplement qu’il s’agit d’un des scénarios les plus bizarres vus récemment, une sorte de remake des Yeux sans visage (Georges Franju, 1960), avec un couple gay venu se marier aux Etats-Unis, un prêtre pédophile et voyant, et un docteur Frankenstein russe qui n’auraient pas juré dans un livre de SF bon marché du XIXe siècle – de la série au serial, il n’y a qu’un pas… C’est le grand talent de Chris Carter que de donner chair à cette histoire invraisemblable, par son sens de la mise en scène (notamment dans les scènes d’effroi) un sérieux (on n’est jamais dans la parodie Z) et une croyance en ses personnages que rien n’ébranle. La croyance, c’est précisément le grand sujet de Carter, ou plutôt l’écart entre croyance et désir de croire – le fameux I want to believe repris dans le titre original –, l’abîme qui sépare Mulder l’ésotérique et Scully la cartésienne et qui ne demande qu’à être comblé. Un motif récurrent (dans la série et le film) résume bien cette idée : la paroi de glace ou de verre, toujours sale, qui ne laisse transparaître que reflets altérés et visages monstrueux. Je veux voir.
{"type":"Banniere-Basse"}