Le récit d’initiation retors et singulier d’une adolescente un peu toquée.
Un été, aux Etats-Unis, une adolescente de 14 ans attend en bande que le jour se passe lorsque la conversation dérive immanquablement vers les garçons. Elle parle alors en des termes très imagés de sa nuit de sexe avec un type qu’elle a rencontré par hasard, un rappeur du coin dont elle dit regretter un peu le manque d’expérience.
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L’amant en question est bien sûr imaginaire ; il sera le tout premier mensonge d’une longue liste dont It Felt Like Love va faire son carburant narratif, entraînant sa jeune héroïne dans un engrenage à l’issue dangereuse.
Ce que raconte ici Eliza Hittman, une trentenaire américaine formée au laboratoire Sundance, où ses premiers courts métrages furent primés, c’est l’un des plus vieux lieux communs de la mythologie indé US : le récit d’initiation d’une teenager confrontée à de brusques montées de désir, la découverte à la fois exaltée et inquiète de sa sexualité. Un territoire hyper balisé donc, à l’intérieur duquel le film opère pourtant quelques décalages singuliers.
C’est d’abord une manière d’inscrire son récit dans un environnement incertain, entre nature sauvage et urbanité en friche, délimitant le décor abstrait d’une aventure sexuelle dont la cinéaste recueille les échos sensoriels, ces premiers frémissements d’un corps captés avec une extrême sensibilité.
C’est aussi une idée plus torturée qui consiste à faire de la naissance du désir le déclencheur de troubles psychotiques chez la jeune héroïne, dont les mensonges répétés finissent par perturber son rapport au réel.
Un épais mystère infuse ainsi cette chronique adolescente, à laquelle la révélation Gina Piersanti prête une forme d’opacité brute et d’ambiguïté. “On aurait dit de l’amour”, clame le titre, mais c’était aussi, peut-être, une mystification.
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