Regard aussi sobre qu’ironique sur une odyssée amoureuse à Bucarest.
Echange, hésitation, revirement : telles sont les constantes de ce premier film roumain assez peu démonstratif, dont l’ironie, car ironie il y a tout de même, est résumée par son titre, le voyage exotique que Radu propose à sa petite amie et qui sera un révélateur de la médiocrité de ce piteux Don Juan. La charge est discrète par rapport à d’autres films roumains carrément sarcastiques, mais elle est là, enfouie sous une apparence de banalité.
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Par sa retenue et sa tonalité douce-amère, ce voyage au bout de la nuit du Nouvel an à Bucarest dégage une certaine froideur antonionienne. Une Notte hivernale en demi-teintes où le héros introverti se débat moralement et physiquement pour trouver une étincelle amoureuse, après s’être prêté à la comédie du jeune couple heureux. Séquence charnière et symptomatique qui exprime son indécision mais aussi sa versatilité égoïste : son trajet en taxi, où il change plusieurs fois de destination…
Un type d’hésitation déjà suggéré trivialement dans un supermarché où il se demandait quelle lotion offrir à son beau-père (potentiel). Un regard assez critique sur le consumérisme, qui pour le cinéaste a gagné la sphère amoureuse – les partenaires sont considérés comme des produits. D’où les reproches qu’adresse Radu à sa petite amie Adina ; il semble critiquer ses défauts comme on le ferait avec une automobile bas de gamme, dépourvue des bonnes options (sièges en cuir, air climatisé, etc.).
L’ironie du film est soulignée par sa construction en boucle, qui montre le héros répétant à la fin les mêmes actes qu’au début, et par le dernier plan, semblable au premier, du panorama de la ville. Ce film sobre, fluide et sans morceau de bravoure est une plaisante satire d’une marchandisation qui, tel un cancer, se met à contaminer les sentiments.
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