Après une remise en question existentielle, le trublion de l’antifolk East Coast revient avec un film et une bande originale irrésistibles.
Lorsqu’il chante, dans le titre d’ouverture, “I’m trying to fix my blues”, Adam Green exprime plus ses propres états d’âme que ceux d’Aladdin. Depuis la sortie du mémorable Minor Love (2010), il en a vu de toutes les couleurs : un divorce trash, des soucis financiers et un certain désœuvrement artistique, malgré son premier film, The Wrong Ferrari, ou le projet rétro façon Sinatra avec Binki Shapiro (2013). Après une petite dépression bien sentie, il se réinvestit dans les arts plastiques et commence à envisager un nouveau long métrage. Un bonheur n’arrivant jamais seul, il rencontre celle qui deviendra son épouse et la mère de sa fille, Yasmin :
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“Après avoir fêté mes 30 ans, j’ai compris que je devais me ressaisir et ne plus prendre de décisions émotionnelles et immédiates.”
Dont acte. Fabriqué avec des collages, des peintures, des sculptures et du papier mâché, le film réinvente le mythe d’Aladdin avec l’humour déjanté propre à Green. La fameuse lampe devient une imprimante 3D et la princesse Jasmine, un ersatz des filles Kardashian…
“J’ai été frappé par le matérialisme de ce conte qui répond parfaitement à notre époque où on ne pense qu’à une chose : consommer. Je voulais faire une œuvre pop, communautaire, chanter et jouer avec mes amis. Tout le monde a dit oui, même si personne n’était payé. Aladdin a pris trois ans de ma vie, c’était un long tunnel à traverser qui m’a fait grandir et exorciser mes traumas.”
Les acteurs sont tous des proches de Green, évoluant dans la faune intello-branchée new-yorkaise : Macaulay Culkin, Natasha Lyonne, Regina Spektor, Francesco Clemente, Zoe Kravitz, Devendra Banhart ou encore Andrew VanWyngarden de MGMT. Enregistrée à Los Angeles avec Noah Georgeson, la bande originale n’en est pas moins un véritable album d’Adam Green, brillant d’un antifolk made in Brooklyn.
“Je me verrai toujours comme musicien avant tout, confirme-t-il. Ce n’est pas une BO d’accompagnement, mais un disque qui réunit tout ce que je sais faire en termes de songwriting et de structure musicale, et qui existe par lui-même.”
En effet, Aladdin est une petite merveille mélodique, à la fois naïve et acide, que l’on savoure avec ou sans les images qui l’ont inspirée.
Concert et projection du film le 9 mai à Paris (Gaîté Lyrique)
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