Une merveille de film de casse, visionnaire, avec une brochette d’acteurs upper-class.
Qu’est-ce qui sépare un film de casse lambda d’un excellent film de casse ? Qu’est-ce qui sépare, par exemple, la série des Ocean’s Eleven de Steven Soderbergh de L’Ultimatum des trois mercenaires ?
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Le tempérament explosif de Robert Aldrich sans doute, qui enrichit le genre de développements inattendus. Son film le plus célèbre, Kiss Me Deadly (1955), finissait sur l’ouverture d’une mystérieuse boîte de Pandore maléfique, réservoir à fantasmes dont une des interprétations possibles était l’annonce d’un âge nucléaire catastrophique.
Vingt ans plus tard, c’est encore autour de la terreur atomique qu’Aldrich organise son film virtuose. Un trio de mercenaires s’empare d’une base militaire américaine et, menaçant de lâcher des missiles, exige de l’argent, action de base organisée par le biais du split-screen, figure formelle chouchou du film de casse, entre le pôle militaire et le pôle politique de la Maison Blanche. L’argument du film d’action s’enrichit peu à peu – et là réside la surprise du film – d’un argument politique : la principale revendication des mercenaires concerne en fait la publication de documents secrets sur la guerre du Vietnam.
La sécheresse millimétrée du film de casse prend peu à peu une ampleur troublée, sous l’effet d’une panique politique qui ébranle même le président des Etats-Unis, très atypique ici, à l’honnêteté bonhomme et sincère.
Quatre anciennes gloires hollywoodiennes composent quatre facettes de la politiqueet apportent leur sagesse aux rôles : Burt Lancaster met toute sa sensibilité de gauche au service de son personnage de mercenaire politisé ; Joseph Cotten compose un secrétaire d’Etat troublé ; Melvyn Douglas un secrétaire à la Défense sarcastique, et Richard Widmark un militaire va-t-en-guerre.
Pour des raisons de production internationale, le film a été tourné en Allemagne, et ce déplacement géographique insoupçonnable à l’écran accentue encore l’irréalité prophétique de l’ensemble, travaillé par une inquiétude étonnante dans le genre souvent “paresseusement cool” du film de casse.
Au fait, le plus grand film de casse du monde est français et empreint d’une morgue aristocratique qui renvoie tous les Soderbergh au rang de “films d’ascenseur” : c’est Le Trou (1960) de Jacques Becker.
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