Les deux derniers épisodes de la trilogie Paradis du cinéaste autrichien Ulrich Seidl. Plombant.
Seidl est le type même du cinéaste de festival. La preuve : les films qui composent cette trilogie au titre ironique (nulle trace de paradis ici, est-il utile de le préciser ?) ont respectivement été vus à Cannes, Venise et Berlin la même année. Le grand chelem !
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Seidl a un truc, sans doute : tourner des films extrêmement limpides, mettant en scène des situations un peu provocatrices (mais point trop), des personnages un peu toqués et très chargés, et surtout, ne rien cacher, tout mettre à fleur d’image. Chez Seidl comme chez ses congénères “cinéastes de festival”, il n’y a rien derrière, pas d’inconscient, pas de mystère : on comprend tout parce que tout est montré et que ce qui est montré est un couloir de portes ouvertes qui donnent sur un grand vide de sens.
Prenons au hasard Paradis : espoir. L’histoire d’une adolescente obèse, Melanie, qui se retrouve dans un centre d’amaigrissement. Seidl filme son prof de gym buté et bâté, sa vie quotidienne, ses discussions sur le sexe avec les garçons (petite provoc), ses batailles de polochons et c’est assez touchant.
Vient “l’intrigue” : Melanie tombe amoureuse du médecin, qui se laisse volontiers prendre au jeu de séduction de la donzelle. Mais il résistera. Point. Au passage, Melanie aura perdu toute illusion sur l’amour (on est prêt à parier qu’elle pourrait commettre un acte irréparable, mais le film évite le sujet en se concluant par une belle queue de poisson), et Seidl aura, non pas ridiculisé, mais regardé de loin la petitesse de ses personnages, leur petit grain de folie, en plans fixes (son “style”) qui rappellent des lames de verre glissées sous un microscope.
En tant que cinéaste, Ulrich Seidl est un technicien de surface : il se contente de passer des coups de serpillière sur des sols déjà dévoilés et usés par les détergents pourtant plus subtils de ses illustres et grands prédécesseurs (les libérateurs de la morale, comme Buñuel, au hasard). Dans Foi, il nous montrera donc que la religion, c’est ni fait ni à faire, et que les gens religieux sont des fous (provoc).
Une quinquagénaire ultracatholique se fouette le dos pour calmer ses pulsions sexuelles et distribue des Saintes Vierges en plâtre chez les païens. Un jour, son mari revient à la maison après deux ans de séparation, et devinez quoi ? Il est dans un fauteuil roulant et musulman.
Elle ne veut plus de lui. Elle le maltraite. A quoi tout cela mène-t-il, sert-il ? Quel est le sens de tout cela ? Rien de plus que ce qu’on voit. Comment doit-on y réagir ? Pleurer, s’offusquer, compatir ? Pas sûr. Rire ? Alors le rire autrichien a bien changé depuis Billy Wilder.
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