Rarement à la hauteur de ses maîtres, le chanteur soul compense une révélation tardive par sa sincérité.
A peine arrivé au quatrième morceau (Ain’t Gonna Give It up), on a déjà le sentiment d’avoir fait le tour du propriétaire : les grognements à la James Brown, les arrangements de cuivres façon Stax et jusqu’à cette guitare radioactive dont le son a été méthodiquement cloné sur celle du Do Your Thing d’Isaac Hayes. Il y a comme ça des moments où, las de constater combien les musiciens actuels se satisfont du recyclage de vieilles recettes, on finit par se dire que le salut du chroniqueur résiderait peut-être dans la perte providentielle de mémoire. Certes, à 68 ans, Charles Bradley ne prétend pas révolutionner cette soul music avec laquelle il a grandi.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Si ce nouvel album s’intitule Changes (repris d’un titre de Black Sabbath, quand même !), c’est d’un changement à la François Hollande dont il s’agit. En parcourant la presse consacrée à “l’aigle hurlant de la soul” (son surnom), on constate la place accordée au récit des épreuves traversées. Bradley a connu l’abandon, la misère, le racisme et les deuils. Il a été pourchassé par le Ku Klux Klan et les Hells Angels. C’est un personnage digne de Victor Hugo au pays de Richard Wright.
On lui reconnaît une certaine aptitude à la résilience – comme le prouve ce God Bless America, pas rancunier – ,et on applaudit à cette rédemption artistique offerte sur le tard par le destin… et le label Daptone. Cela en fait-il un grand chanteur ? Non. Au point où l’on a du mal à comprendre les comparaisons avec James Carr ou Bobby Blue Bland qu’osent certains. La voix de Bradley se limite à quelques octaves, s’encombre de trop nombreux tics empruntés à son modèle (James Brown) et se complaît trop souvent dans le martyrologe vocal pour ne pas fatiguer à la longue. Quant aux chansons, elles sont au mieux honnêtes… comme l’est cet album.
Concerts le 23 juin à Blainville Crevon (Archeo Jazz Festival), le 1er juillet à Cluses (Musiques en stock), le 2 à Lyon (Les Nuits de Fourvière), le 3 à Marmande (Garorock), le 8 à Liège (Les Ardentes), le 9 à Bruges (Cactusfestival)
{"type":"Banniere-Basse"}