Entrée la dernière, elle est arrivée la première. C’est ces derniers jours que la romancière roumaine a fait résonner son nom autant que ceux de Oz, Oates et Roth dans la liste des nobélisables. C’est elle qui l’a emporté. Quitte à devoir en priver une nouvelle fois le somptueux Philip Roth. En partenariat avec Rue89.
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Entrée la dernière, elle est arrivée la première. C’est ces tout derniers jours que la romancière roumaine a fait résonner son nom autant que ceux de Oz, Oates et Roth dans la liste des nobélisables. C’est elle qui l’a emporté. Quitte à devoir en priver une nouvelle fois le somptueux Philip Roth. Présentation.
Ne boudons pas notre plaisir pour autant : si ce genre de Prix a une utilité, c’est bien de faire découvrir au monde un auteur. Quelques années après l’Autrichienne Elfriede Jelinek, cette autre récompense à la langue de Goethe a un sens.
Herta Müller, romancière roumaine de langue allemande, a une grande place dans les lettres européennes. Dans notre époque de construction continentale, d’Europe forteresse mais aussi de traités et d’ententes cordiales, sa récompense fait sens. Après avoir été fort « buzzée » l’an passé, elle a donc gagné cette année.
Herta Müller est née en Roumanie en1953, dans la communauté des Souabes, minorité de langue allemande de la province historique de Banat. Elle y a étudié la littérature allemande et roumaine entre 1973 et 1976, avant de travailler en tant que traductrice… pour une usine de machines industrielles. Licenciée parce qu’elle refusait de travailler pour les services secrets roumains Securitate, son domicile fut alors placé sur écoute, et elle fut menacée à plusieurs reprises. En 1987, elle part pour l’Allemagne.
Elle fait donc partie de ces citoyens que la République Fédérale d’Allemagne avait racheté à Ceaucescu juste avant sa chute, afin de sauver les Roumains de langue allemandes, et leur offrir une seconde vie. Elle vit aujourd’hui à Berlin. Depuis 1995, elle est membre de l’Academie allemande de langue et de littérature (Deutsche Akademie für Sprache und Dicthung).
Herta Müller a souvent souligné la « situation linguistique tout à fait particulière des écrivains de langue allemande en Roumanie » : « La langue de l’écriture, le haut-allemand, coexistait avec le dialecte, le souabe du Banat, et la langue véhiculaire, le roumain. A cela s’ajoutait la langue de bois du régime qui avait détourné le langage à son profit. D’où notre vigilance pour éviter les mots ou les concepts violés ou souillés par le politique. Ils renvoyaient à une réalité qui n’était pas la nôtre. » Herta Müller est une des écrivaines les plus appréciées d’Allemagne. Ses premiers travaux littéraires datent de 1982. Elle a publié depuis vingt volumes traduits en autant de langues.
Lauréate de plusieurs prix littéraires importants, dont les Ricarda Huch, Kleist, Joseph Breitbach, IMPAC Dublin et Literary Award, Herta Müller s’est également vu consacrer d’amples éditoriaux dans des quotidiens tels Neue Zürcher Zeitung ou Die Welt.
Son dernier roman paru en France est La Convocation (Métailié (2001). Selon l’éditrice du livre, Nicole Bari (qui dirige la « Bibliothèque Allemande » chez Métailié), les spécificités d’Herta Müller sont d’utiliser « une poétique faite de métaphores », et de traiter de thèmes comme « l’exil, le déracinement, le départ ». Des thèmes donc très européens, et typiques de sa génération.
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