Une citronnade psycho-romantique un peu trop chimique, bénéficiant néanmoins de la fraîcheur miraculeuse de Jennifer Lawrence.
Qu’un film aussi lisse et inoffensif qu’Happiness Therapy (Silver Linings Playbook en anglais, soit littéralement “Le Manuel pour voir le bon côté des choses”) soit un tel carton critique outre-Atlantique et l’un des favoris aux oscars (avec huit nominations), n’est pas à proprement parler une surprise mais reste néanmoins un motif d’interrogation. Surtout lorsqu’on a en tête l’accueil glacial réservé à cet authentique chef-d’œuvre qu’est Comment savoir de James L. Brooks, exact opposé du film de Russell sur
des questions proches (pour faire vite : dépression, amour et faux remèdes)…
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De quoi cette thérapie du bonheur, septième long métrage du réalisateur de Fighter et des Rois du désert, est-elle le nom ? D’une comédie romantique lorgnant vers le drame (genre évidemment plus respectable), qui ne cesse de faire ostensiblement des petits pas de côté sans pour autant parvenir, ni même vraiment chercher, à sortir de l’autoroute des conventions qu’elle emprunte à toute vitesse.
Une cousine, en somme, des Little Miss Sunshine ou autres Juno, toutes
ces comédies pseudo-indépendantes (les Weinstein ont produit celle qui nous préoccupe) n’ayant rien d’autre à vendre que leur bizarrerie marketée et quelques sourires factices. Tout sent ici le manuel de scénario – un genre de “manuel pour voir le bon côté des choses”, à sa façon. La recette est attendue mais, il faut bien l’admettre, parfaitement huilée.
On y suit donc la rémission d’un jeune homme bipolaire (interprété par Bradley Cooper, l’antipathique héros de Very Bad Trip) qui, rentré chez ses parents (Jacki Weaver et Robert De Niro, plutôt moins mauvais que d’habitude) après huit mois d’hôpital psychiatrique, tente de reconquérir son ex-femme. Seulement, le fiston s’amourache, sans se l’avouer, de sa voisine tout aussi dérangée que lui censée l’aider à retrouver son ex – et cette prise de conscience sera bien entendu l’enjeu du film.
Au-dessus de ce redoutable bourbier psychologique, filmé par une caméra fofolle qui multiplie les travellings comme un dépressif gobe les Lexomil, volette une fée qui donne au film ses seuls moments de grâce. Elle s’appelle Jennifer Lawrence, on l’avait découverte dans Winter’s Bone il y a deux ans, puis aimée dans Le Complexe du castor, X-Men – Le commencement et Hunger Games, et elle est sans nul doute la seule nommée du lot à mériter l’oscar.
Avec son sourire poupin qui masque une détermination à toute épreuve, elle a la classe d’une Audrey ou d’une Katharine Hepburn, dont elle incarnerait d’ailleurs une forme de fusion miraculeuse, chatte et tigresse réunies dans un même corps. La voir surgir par surprise dans le cadre (seule belle idée de mise en scène de David O. Russell) ou exécuter quelques pas de danse (hélas filmés n’importe comment) suffit à comprendre qu’elle est l’une des plus douées, sinon la plus douée, de sa génération.
Grâce à elle, oui, on peut commencer à voir les choses du bon côté.
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