Une chronique du système d’exploitation colonialiste du football qui vire au psychodrame conjugal.
l y a deux films dans Comme un lion, deux manières opposées d’appréhender un même sujet. Le premier débute dans un village sénégalais, sur les pas de Mitri, un jeune footballeur amateur (Mytri Attal, non-acteur assez prodigieux, pur bloc d’affects aux modelés variables et infinis) recruté par un chasseur de têtes magouilleur, pour jouer dans un club français en échange d’une petite fortune. Ici, le filmage est direct et frontal, les dialogues comme improvisés, les acteurs saisis dans leur environnement naturel suivant la courbe d’une chronique enlevée qui confirme la délicate inclinaison documentaire du cinéma de Samuel Collardey (L’Apprenti).
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De l’Afrique à la banlieue parisienne dans laquelle échoue le protagoniste une fois l’arnaque révélée, Comme un lion poursuit un temps sa voie réaliste et retrace en quelques plans furtifs, gestes et informations élusives la piste du nouveau business esclavagiste du football moderne. Mais, lorsqu’enfin le jeune immigré débarque, à la faveur d’une ruse de scénario, dans l’est de la France, lorsqu’il est accueilli par un ouvrier divorcé, fruste et alcoolique (Marc Barbé), un deuxième film commence alors, plus problématique. C’est un banal drame conjugal doublé d’une fiction sociale inscrite dans les zones industrielles désoeuvrées qui viennent arbitrairement se greffer au parcours du jeune Mitri, tout en inversant le point de vue du film. C’est l’effet Welcome de Philippe Lioret, l’irrésistible attraction du psychodrame qui sacrifie l’attention documentaire des débuts, et contre laquelle Samuel Collardey oppose un happy-end fabriqué.
Comme un lion de Samuel Collardey, avec Mytri Attal, Marc Barbé (Fr., 2011, 1 h 42)
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