Hivernal, presque monotone, le quatrième album du Canadien nous annonce que l’été n’est pas pour demain.
On pensait connaître depuis quelques semaines les lignes les plus saillantes du quatrième album du rappeur de Toronto grâce aux singles Pop Style ou One Dance. On en connaissait aussi les chorégraphies improbables – devenues mèmes en quelques secondes – via l’impeccable Hotline Bling mais, curieusement, Views ne ressemble pas à ce que ces bravades laissaient envisager.
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Cette nouvelle livraison est une spectaculaire mise en abyme de Drake par lui-même et pour lui-même, un disque solitaire, scintillant de faiblesses et d’anxiété – au point de s’en étouffer parfois. Plombé par un hiver canadien rude et inhospitalier parfaitement mis en espace par le producteur Noah “40” Shebib, Views met la fête en berne, installe un malaise, une douceur mais une violence. A peine brisé par de discrets effets vocaux, Drake y apparaît sous un jour paradoxal, traversant avec maestria ces architectures spartiates où même les mélodies hésitent à s’affirmer.
Grâce chancelante et dissensions internes, lyrisme rentré et mélodies in(dé)finies, il est à la fois beau et laid, doux et anguleux, figurant cet ami qui se pose tant de questions qu’il en mérite parfois une paire de gifles. Contradiction étincelante, Drake fait de Views une œuvre touchante, brutalement honnête, le disque d’un surhomme encore enfant qui a décidé de faire de son anniversaire un mode de vie – il le chante ainsi –, d’un capricieux capable de livrer sur le rebord de l’été les contes austères d’un hiver qui semble sans fin.
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