Du Doillon pur sucre (et poivre), léger et artisanal, un peu gâché par un texte inégal.
Les années passent, les époques changent, Doillon vieillit, mais
son cinéma demeure immuable.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un enfant de toi mixe les deux mamelles du cinédoillon, le couple et l’enfance, avec toujours la même méthode : petit nombre d’acteurs, beaucoup de dialogues, pas mal de prises (pour affiner, peaufiner, épuiser), et rien autour – pas d’inscription dans la société, juste la parole entortillée des variations sentimentales et les corps de beaux jeunes gens se déployant dans de vastes appartements chic-design, équivalents des luxueux intérieurs hollywoodiens d’antan.
En ces temps de crise, ce très faible taux de souci social risque de se retourner contre Jacques Doillon, reproche que nous balayons : un artiste a le droit d’élire son sujet, en l’occurrence les mille nuances des atermoiements du cœur, comme chez Proust (le film se conclut au Grand Hôtel de Balbec).
Ici, le couple est trois, une femme, deux hommes : entre les deux elle oscille, et penche de nouveau vers l’ex, par ailleurs père de sa fille.
La maniabilité des outils numériques permet une labilité-immédiateté du filmage qui sied à Doillon, comme si la technologie avait fini par se synchroniser avec la légèreté artisanale de son style. Perce aussi une volonté comique sous-jacente (sous le projecteur de la comédie du remariage), humour sur soi-même d’un auteur que l’on a souvent caricaturé en cinéaste de l’hystérie. Bref, du Doillon pur sucre (et poivre).
Mais le fragile art doillonesque suppose acteurs et dialogues au top : ici, le texte est de qualité inégale, et si Lou y est, Zidi et Benchetrit manquent un brin d’épaisseur, tout comme le récit qui s’étire déraisonnablement.
En revanche, la petite Olga Milshtein est épatante et produit le meilleur de ce film, quand les querelles enfantines des adultes sont observées par l’intelligence intuitive des enfants.
{"type":"Banniere-Basse"}