Sombre mais brillant inventaire de l’époque en onze chansons.
Avec la régularité revendiquée d’un artisan, Murat alimente consciencieusement les discothèques. Ainsi de ce seizième album studio, enregistré dans l’écume d’un sanglant mois de novembre 2015, avec le concours d’une équipe réduite en manière de supergroupe (en particulier le contrebassiste Chris Thomas, salué sur les scènes jazz au sein du quartet du saxophoniste Joshua Redman), et la participation de l’ex-Cocoon Morgane Imbeaud.
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Morituri (te salutant, apostrophe des gladiateurs à César à l’heure du combat), tant d’un point de vue de l’iconographie – deux cygnes blancs que tout oppose sur un lac noir, mais une photo de presse exposant un chanteur défroqué drolatique – que de chansons souvent revendicatives mais encore plus fréquemment riches de rythmes aérés et d’un swing serein, joue la carte de l’ambivalence. Car le chanteur, s’il n’aime pas son époque (Satan est heureux/Il ouvre une nouvelle usine), et l’amour qui y fait défaut, sait se tenir. Ce qui nous gratifie de haïkus qu’on n’a plus coutume de dénicher par ici : “J’ai eu le cafard (…)/C’est comme un buvard qui te boit la joie”. D’Yvetot au Tarn-et-Garonne en passant par l’Himalaya, un disque de géographie funèbre, et une certaine idée de la dignité humaine.
Concerts le 26 mai à Paris (Maroquinerie), le 18 juin à Clermont-Ferrand
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