Axelle Ropert a présenté son premier long métrage La famille Wolberg à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes cette année. Jocelyn Quivrin faisait partie de la distribution, elle se souvient d’un jeune homme plein d’esprit.
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C’est bizarre comme on peut avoir peur pour certains acteurs, et puis comme d’autres peuvent vous paraître, à tort, solides comme un roc. J’ai repéré Jocelyn Quivrin dans les grosses machines sans âme du cinéma français dont il était devenu une caution récurrente (99 francs de Jan Kounen, Jacquou le croquant de Laurent Boutonnat), et j’avais été frappée par sa capacité à se sortir élégamment de toutes ces situations gênantes : de la grossièreté ambiante, il arrivait à s’échapper tout en subtilité ondoyante.
Et puis, un détail, anecdotique peut-être, mais qui dit beaucoup sur la souplesse de son esprit : c’était l’un des rares acteurs populaires capables de dire publiquement et de manière insistante son amour pour Rohmer – quand la plupart préfèrent citer Jacques Audiard comme artiste suprême.
Sur le tournage de La Famille Wolberg, où il était venu remplacer au pied levé, sans même que j’ai eu besoin de le courtiser, un acteur qui avait fait faux bond, j’avais été frappée par son équité d’esprit lorsqu’il avait pris la peine, par exemple, de m’expliquer qu’il avait tenu à tourner dans le dernier Brisseau, considéré pourtant comme un pestiféré par tous les acteurs, pour savoir ce que le type avait dans le cœur et la tête et ne pas se fier seulement aux sales rumeurs. Après une scène de cascade difficile tournée sous une grosse tempête, il s’était relevé nonchalamment, puis avait glissé : « Alors, si tu es contente, je suis content ». Et puis il était reparti, indemne.
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