Trois ans après un premier album solo remarqué, le musicien nantais Raphaël D’hervez, alias Pégase, remonte en selle, cette fois en duo. Un sévère coup d’éperon vers les cieux.
Loin de nous l’idée de nourrir les rivalités régionales, mais il s’agite aujourd’hui dans le ventre de Nantes une génération de jeunes musiciens qui nous rappelle la vigueur d’une certaine scène rennaise du début des années 1980. L’un des centres de gravité de cette galaxie nantaise serait sûrement Raphaël D’hervez. Membre du groupe Minitel Rose et taulier du label FVTVR, le trentenaire aux visages pluriels se planque aussi derrière le pseudonyme de Pégase.
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Un deuxième effort plus pop
Trois ans après son premier manifeste electro-ambient, le compositeur revient avec un deuxième effort plus pop et moins autiste. Car, histoire de filer la métaphore mythologique, Pégase s’est trouvé une muse en la chanteuse Ana Benabdelkarim. Pas exactement une inconnue, puisque la musicienne collabore régulièrement aux Inrocks :
“J’avais vu Ana sur scène avec son groupe et j’ai flashé sur elle, explique D’hervez. Je lui ai demandé de faire les voix sur un titre. Puis j’avais besoin d’un clavier pour la tournée et là encore Ana s’est proposée. Savoir qu’elle serait à mes côtés sur scène, ça a tout bouleversé. J’ai commencé à écrire pour elle.”
https://www.youtube.com/watch?v=IX_ir988r4k
Un coup de foudre artistique qui oblige le musicien à revoir entièrement sa copie :
“J’ai recommencé mon disque plusieurs fois ! D’une certaine façon, c’est mon quatrième album (rires). Quand ça coince, je préfère repartir à zéro.”
Pégase déploie pleinement ses ailes
A deux voix, Pégase déploie pleinement ses ailes. Un peu sorcière, un peu sirène, Ana tourne les mélodies naïves et éthérées du Nantais en vibrants mantras. Rythme à cinq temps, refrains en forme de couplets (à moins que ça ne soit le contraire), Pégase méprise superbement les règles établies de la pop. Sûrement parce qu’il ne tient pas le genre en haute estime :
“Je n’écoute pas de pop mais j’ai compris comment ça marche. Parfois, en bagnole, je fous Nostalgie à fond et je tombe sur un morceau d’un groupe considéré comme ringard et je me dis ‘C’est quand même bien foutu !”
https://www.youtube.com/watch?v=R7gKOilgMmA
C’est peut-être ce qui confère à des compositions comme The One Who Is Okay ou Same Flame cette étrange saveur eighties ? Malgré leur immédiateté mélodique, les chansons de Pégase restent souvent difficiles à pénétrer :
“Je ne peux vraiment pas analyser les paroles !, s’excuse le musicien. Elles me viennent comme ça, c’est presque une écriture automatique. C’est comme au cinéma : j’aime les réalisateurs chez qui on ne comprend pas tout mais qui parviennent à provoquer des émotions. Comme Lynch.”
Le créateur de Twin Peaks est d’ailleurs clairement évoqué dans Well Bell (Fire Walk with Me). Un motif émerge pourtant des textes. Celui d’un autre monde, dont le duo dresse pour nous la cartographie, puisque le nôtre est définitivement niqué :
“C’est la première fois qu’un thème se dégage aussi clairement d’un de mes disques. Pour écrire, je suis parti en bord de mer, à Pornic. Là-bas, j’avais une vieille console et je me suis replongé dans Another World, le meilleur jeu vidéo de tous les temps. Quand je l’ai fini, j’ai décidé que l’album était terminé.”
De toute façon, il n’en fallait pas plus pour nous envoyer au septième ciel.
https://www.youtube.com/watch?v=XrDzUgucfBo
Concert le 23 juin à Paris (Café de la Danse)
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