Le conflit israelo-palestinien interrogé dans ses soubassements érotiques.
Il y a quelque chose d’un peu désarmant et de terriblement naïf dans la question que ne cesse de poser Yolande Zauberman à ses interlocuteurs, tout au long de son documentaire. Telle une oie blanche espérant que la paix se fasse sur l’oreiller, une seule et même interrogation l’anime lors de ses pérégrinations nocturnes : “Would you have sex with an Arab?”
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Pourtant, en demandant à des Israéliens s’il coucheraient avec un ou une Arabe, elle initie une implacable maïeutique.
Par une question fermée, elle met en lumière le malaise qui suit chez ceux
qui répondent non, et pousse aux aveux ceux qui répondent que c’est déjà fait.
Car la réussite du projet, au départ périlleux parce que forcément simpliste, est de faire passer ces témoignages qui se succèdent pour des confessions faites un peu tard, comme on pourrait se livrer parfois, après quelques verres d’arak en trop, à un inconnu.
La forme est donc très proche d’un Paris dernière époque Taddeï que l’on passerait dans les rues obscures ou les fêtes alternatives de Tel-Aviv. La réalisatrice, munie d’une simple petite caméra DV, filme en clair-obscur des jeunes répondant à la question la moins convenue en Israël, à une heure où la plupart se verraient plutôt chercher un plan cul.
Le sexe est à nouveau transgressif. Des deux côtés (elle demande aussi aux Arabes s’ils coucheraient avec des Juifs), il redevient un tabou dès qu’il est associé à l’ennemi.
C’est peut-être pourquoi ceux qui ont depuis longtemps réglé le problème de la transgression, ici un directeur de théâtre dont la mère est juive et le père palestinien, ou un organisateur de soirées gay palestinien, n’ont pas de problèmes avec la question : ils ont déjà couché avec l’Autre.
Ils ont depuis été assassinés.
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