Un crossover entre Ken Loach et l’horreur gothique dans une série B flippante.
Cela ne trompera personne : l’ancien téléaste, clippeur et pro du marketing viral Ben Wheatley est britannique. Son nouveau film, Kill List, qui nous parvient tout frissonnant de sa hype rapportée des festivals de la planète bis, se situe au croisement de deux genres fétiches du cinéma anglais.
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Le premier se signale dès l’introduction sous la forme d’un portrait social-trash à l’humeur chagrine : dans une banlieue middle class au ciel désespérément bas, un couple en crise se déchire à mesure que les factures s’accumulent.
Le mari, au chômage, est un ancien militaire reconverti en tueur à gages qui se tient loin des armes après une ultime mission traumatisante.
Dans cette première partie assez laborieuse, Kill List navigue à vue dans les eaux de Ken Loach et de son Route Irish, auquel il emprunte un peu plus que le simple motif du retour d’Irak : ses tremblements de caméra, son appétit doloriste pour la gueule cassée de ses missionnaires.
Mais tandis que le récit chemine sur le fil de cette petite chronique réaliste, une atmosphère d’étrangeté s’installe lentement, un mystère diffus contamine le film, qui bascule dans l’horreur ésotérique lorsque le personnage principal renoue avec le crime au service d’une secte obscure.
Sans trop dévoiler ses secrets, on dira simplement que Kill List organise alors une collusion furieuse entre le familier et l’irréel, qu’il saisit l’effrayant vertige d’un homme confronté à des forces occultes, et que Ben Wheatley y convoque avec talent un imaginaire déserté du cinéma de genre britannique : les rituels sauvages, les croyances païennes, et tout un folklore hérité du culte The Wicker Man de Robin Hardy.
Ces vieilles terreurs auxquelles Kill List administre un électrisant et nécessaire update.
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