Kool Shen remet les pendules à l’heure avec une énorme sincérité, dans un second album très personnel. La classe, comme d’habitude.
[attachment id=298]Il aura fallu attendre le retour en solo de Kool Shen presque six ans, après son premier essai pourtant intitulé Dernier round – sorti au plus fort de la brouille avec JoeyStarr, son éternel compère de NTM. Tout ça, c’est de l’histoire ancienne, les deux se tartouillent sur scène comme à la bonne époque (regardez pour ça le DVD tout frais de leur retour à Bercy, ou venez le 19 juin au concert maousse du Suprême au Parc des Princes – qu’on surnomme déjà La Boum 2 en coulisses).
Mieux encore, ils chantent ensemble, comme sur J’reviens, l’un des morceaux d’ouverture du disque. Pourquoi ce retour solo ? Kool Shen, dit “la caisse claire”, est comme d’habitude d’une grande honnêteté dans ses réponses : “A l’époque, NTM était encore en sommeil, mon label IV My People venait de fermer et j’avais beaucoup moins de choses à gérer au quotidien. Alors je me suis mis à écrire tout doucement, et au final ça donne cet album, tout simplement.”
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Un disque appelé Crise de conscience, sur lequel Kool Shen laisse volontiers, et pour l’une des premières fois, pénétrer le doute et l’introspection. Un disque pour lequel il s’est en partie appuyé sur Jeff le Nerf, petit king du micro grenoblois qu’il a pris sous son aile depuis plusieurs années. Bien sûr, il y a des morceaux bling et légers (le très kéké C’est bouillant, les jeux d’ego Rappelle-toi et Salope.com, hilarante adresse aux trolls du micro qui se la pètent sur les pauvres forums hip-hop – gavés de fautes de syntaxe), mais au fond du fond ce second Kool Shen est une imparable ouverture sur l’ami Bruno Lopes.
“C’est mon disque le plus personnel, je ne pensais pas pouvoir dire un jour des trucs comme ça. J’ai réussi à baisser la garde par moments, et c’est de ça dont je suis le plus fier”, raconte Kool Shen. Posé sur des instrus modernes et carrées comme les épaules à Gignac (rien à envier à Rohff ou Booba), le discours de Crise de conscience laisse entrapercevoir un intérieur pas si cuir que ça : parfois l’air touché, et souvent très touchant, Kool Shen chasse ses vieux démons (Vivre dans l’urgence), dresse son bilan pas jojo de la France de Sarkozy/Besson (La France hallucine) et rend un bel hommage à ceux qui l’aident à tenir debout (écoutez le bouleversant Jusqu’au bout, backé par J.Mi Sissoko).
Pas de révolution dans le rap français au final, certes, mais un disque sobre et souple, qui consolide à la fois l’héritage d’un des deux tauliers du 9-3 tout en le projetant en bonne place dans un paysage rap français hésitant ces derniers mois.
Album : Crise de Conscience (AZ/Universal)
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