En déplaçant encore un peu plus le curseur des influences vers les terres africaines et moyen-orientales, les très étonnants Fool’s Gold offrent un album passionnant, bondissant et à même de combler ceux pour qui Vampire Weekend ne voyage pas assez loin.
[attachment id=298]Fool’s Gold est une petite armée. Une dizaine d’individus, autant d’univers sonores à croiser, autant de petits réacteurs nucléaires à faire fonctionner de concert. Leur musique a donc, c’est peu de le dire, un pédigrée complexe, nuancé, multicolore, pluri-un peu tout.
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Elle ressemble à un immense jeu de piste, à un Paris Dakar rebondissant et hilare, dont les étapes se feraient en sauts de puce instantanés entre pays distants, dont les morceaux semblent téléporter l’auditeur, instantanément et en permanence, d’un univers parallèle à un univers perpendiculaire.
Sautent ainsi d’abord aux visages, forcément illuminés de bananes indécollables tant leurs bijoux transpirent la joie, les rythmiques de ce que l’on appelle un peu trop généralement l’ « afropop » -surgissent plus précisément, entre les lignes, les dédales psychédéliques, cuivrés et bouillant de la glorieuse musique éthiopienne, et quelques reflets lointains des exploits chaloupés de Tinariwen.
Tendons l’oreille plus avant. Luke Top, voix de la troupe, chante dans la langue du pays qui l’a vu naître, Israël ; Fool’s Gold ressemble donc à du funk éthiopien chanté en hébreux, semble inventer un folk moderne aux Falashas, vieilles et mystérieuses populations juives du Tigré et du Gondar.
Mais la musique de Fool’s Gold baigne également dans une production aux rondeurs plutôt occidentales, impeccable pour le petit blanc amateur d’exotismes contrôlés –le groupe ressemble ainsi à une sorte de Vampire Weekend plus extrême, qui aurait définitivement fait basculer le curseur culturel des Etats-Unis vers les terres des humanités originelles.
D’où, donc, vient Fool’s Gold ? De Los Angeles, qui éclipse décidément assez fortement Brooklyn en tant que terre de tous les possibles depuis quelques mois. Où vont, donc, Fool’s Gold ? Sans doute assez loin dans les cœurs, sans doute assez profondément dans les crampes, sans doute assez haut dans les âmes : grands sur scène, comme ils l’ont récemment prouvé lors de leur très attendu concert du Point Ephémère, capable de remplacer en trente secondes de soleil plein les idées les plus noires par le bonheur le plus béat, ils méritent les palmes.
Déjà disponible en digital et à paraître en plastique début mars, leur album éponyme se déguste ci-dessous, agrémenté de quelques vidéos et extraits live pour le plaisir des yeux.
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