Dans ce classique populaire des années 70, Claude Miller met en scène les mécanismes pervers de l’homophobie.
Qu’est-ce qu’il nous cache, celui-là ? Dis-donc, il serait pas un peu… pédé sur les bords ? Dans la colonie de vacances, Philippe a tout du « suspect idéal » : un moniteur qui manque sérieusement d’autorité, amateur de théâtre et, cerise sur le gâteau, que voilà surpris dans sa chambre déguisé en femme. Surpris par un autre moniteur, Marc, le sportif bas du front, le macho grande gueule.
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Toute la cruauté du scénario repose sur un suspense qui caresse le spectateur dans le sens du sadisme : le pédé va-t-il être dénoncé au groupe ? Quand ? De quelle manière va-t-il « cracher le morceau » et « avouer » ?
Ce suspense sordide de la révélation calomnieuse est d’autant plus oppressant que le cadre de la colonie de vacances privilégie particulièrement la bêtise et la méchanceté. Miller entretient le malaise en bravant la morale. Ainsi, la victime, Patrick Bouchitey, acteur taciturne et inconnu, n’a pas le charisme de son bourreau, Patrick Dewaere, jeune acteur révélé au grand public avec Les Valseuses, parfait en abruti désirable avec sa fossette au menton et ses fesses rebondies.
Avec un homophobe sexy, Miller va jusqu’au bout de la doxa qui voudrait que l’homosexualité soit une chose dégradante. L’homosexualité n’est d’ailleurs jamais désignée qu’à travers des sous-entendus gênés. De cette manière, le film met le doigt (volontairement, espérons-le) sur un point crucial : l’homophobie se construit sur des mécanismes de non-dits, de refoulement et de honte. Près de trente ans après sa sortie, le film n’a rien perdu de sa justesse de ton.
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