La violente crise d’un couple dans un drame réaliste. Prometteur.
Quelques tristes exemples récents nous ont appris à nous méfier des acteurs passés derrière la caméra (coucou Mélanie Laurent, Sylvie Testud, Jean Dujardin).
Pour Estelle Larrivaz, révélée il y a vingt ans par Christian Vincent (Beau fixe), aperçue chez Assayas ou Klapisch depuis, l’affaire semble un peu plus compliquée.
Si Le Paradis des bêtes, son premier long métrage, n’échappe pas tout à fait à certaines afféteries de style, il révèle suffisamment de belles promesses pour dessiner un profil – naissant – de cinéaste.
L’ancienne actrice prenait pourtant tous les risques avec cette tragédie familiale dont le sujet (la violence conjugale vue des yeux, effrayés, interdits, des enfants), charriait en apparence beaucoup de drames et d’appels aux sanglots.
Mais Le Paradis des bêtes, c’est son plus grand mérite, s’en tient à la chronique réaliste de la désunion d’une famille sous les coups répétés d’un mari brutal (même si père attentionné), qui finira par kidnapper ses deux enfants – et lancer le film sur la piste d’un thriller domestique.
Il y a un peu de Cédric Kahn (à son meilleur) chez Estelle Larrivaz, qui saisit en quelques traits la douleur contaminant un couple lorsque la nature la plus vile prend le dessus et que l’argent s’en mêle (avec en sous-main un captivant portrait de classe d’une petite bourgeoisie obsédée par la possession), sans jamais trop appuyer ses effets dramatiques, toujours sur le ton juste.
C’est aussi, paradoxalement, ce qui joue contre le film à terme : une forme de raideur qui empêche tout autre débordement que ceux prévus par le scénario, et enserre ses acteurs dans une partition trop écrite (dommage pour les très beaux Stefano “Roberto Succo” Cassetti et Géraldine Pailhas).
Un peu sage donc, mais encourageant pour la suite.