La concision élevée à hauteur de l’un des beaux-arts.
Le garçon est vaillant, pour le moins, qui en un peu plus d’un semestre compile le projet parallèle (anaérobique et anxiogène) de Bruit Noir, réédite les deux premiers albums de Mendelson et prépare avec les mêmes un album de reprises, puis met à profit ses déplacements (Bouaziz dans le métro) pour éditer un recueil de sentences en français dans le texte.
Et, se considérant désormais comme arrivé à un âge où l’on n’a pas trop de temps à perdre, passe la surmultipliée avec cette collection discrète d’une treizaine de vignettes sonores, aussi brèves que définitives, enregistrées dans la spontanéité élémentaire d’un studio où ne se croisent que les amis (Stan Cuesta au piano fantôme, Lou en doublure spectrale du chant) et les harmonies modestes.
Les arpèges de Loin, la sourde angoisse de la rythmique obstinée et ses coups de mailloche comme autant de caresses convoqueront naturellement Lambchop en voisin de palier, Neil Young en vieille dame indigne inspiratrice et Leonard Cohen en figure tutélaire. Mais la peinture et l’approche du monde tel qu’il va (mal, de par le fait), et le tableau dressé du couple et de sa petite mort (Ta main), imposent une perspective formelle qui n’appartient qu’à Pascal Bouaziz.