Adaptation un poil édifiante d’un roman d ‘Emmanuel Carrère autour du surendettement des ménages.
Après les souffrances des clandestins de Sangatte (Welcome), Philippe Lioret dénonce et démonte les mécanismes sournois du surendettement des ménages, entretenus volontairement par une justice des riches à la botte des organismes de crédit – des faits avérés.
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Le tout sur fond de mélodrame familial (une jeune juge mère de famille condamnée par la médecine – Marie Gillain) et d’amour platonique (un juge senior – Vincent Lindon – bien décidé à aider sa consœur à donner un sens à sa vie avant qu’elle ne trépasse).
Formellement, le cinéma de Philippe Lioret a un curieux visage. A priori, le réalisateur semble rechercher d’une manière modeste (mais aussi un peu ostentatoire) l’expression audiovisuelle la plus illustrative, directe, compréhensible possible par le grand public. Pas de chichis, pas d’effort, pas de plans. Or on assiste aussi parfois, dès qu’il s’agit d’action, à des élans imprévus.
Dans Welcome, Lioret déployait dans les vingt premières minutes une énergie qui donnait de la grandeur, presque de l’épique à son récit d’un passage de clandestins à la frontière française.
Ici, il parvient tout d’un coup, au milieu d’un océan de scènes plan-plan, à rendre très intense, haletante, une scène secondaire de baignade dangereuse sur un lac artificiel – il est vrai que Lioret, depuis L’Equipier et la traversée à la nage de la Manche dans Welcome, filme l’eau avec une fascination étrange et communicative.
Mais Toutes nos envies refuse de se laisser aller au cinéma. Lioret vise autre chose : changer le regard du spectateur sur la société, en le prenant gentiment par la main jusqu’à lui et ses idées – pour louables qu’elles soient.
Un seul exemple, qui reflète la tonalité d’ensemble du film et de ses dialogues : dans une scène, une femme médecin propose à Marie Gillain de boire un café, en ajoutant : “Mais à la machine à café d’en bas, ici à l’étage, il est trop mauvais.” Nous voici donc chez nous, dans un cinéma de retrouvailles : tout le monde a dans sa vie une machine à café à un étage qui fait du moins bon café qu’à un autre.
A partir de là, comment ne serions-nous pas du côté de ces personnages aux préoccupations si communes ?
L’ensemble du film se perd dans ces petits détails agaçants, censés nous aider à nous rassembler en une nation solidaire, apte à répondre collectivement aux problèmes graves de la société.
Pour être honnêtes, nous ajouterons en contrepartie que le talent éclatant des acteurs parvient à sauver le film de la catastrophe lacrymale qui s’annonçait.
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