Mercredi s’est ouverte au Brésil la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, Rio+20. Pendant deux jours, les grands de ce monde vont se réunir pour discuter écologie et avenir de la planète. Pourtant, ce rendez-vous international peine à passionner les foules en France. Voici cinq raisons pour lesquelles Rio+20 ne nous intéresse pas, et cinq raisons pour lesquelles en fait, il serait peut-être bon de s’y intéresser.
Les cinq raisons pour lesquelles Rio+20 ne nous intéresse pas
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1. Parce que personne ne se souvient des précédentes conférences de l’ONU sur le développement durable
Rio+20 n’est pas la première réunion des membres des Nations Unies autour de la question du développement durable. En effet, trois autres grandes conférences sur ce thème ont déjà eu lieu : le sommet de Stockholm en 1972, le sommet de la Terre de Rio (1992) et le sommet de Johannesburg en 2002. Le rendez-vous qui se tient cette année au Brésil marque donc les 40 ans de la naissance du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (Pnue). Mais qui se souvient vraiment des décisions prises pour améliorer l’écologie à l’échelle planétaire depuis 40 ans ?
2. Parce que même les plus grands dirigeants de ce monde ne s’y intéressent pas
Près de 130 chefs d’Etat et de gouvernement se rendront à Rio pour ce grand rendez-vous international. Mais la plupart des grands de ce monde ne seront pas présent au Brésil : Barack Obama, Angela Merkel, David Cameron ou encore Vladimir Poutine sècheront en effet le sommet des Nations Unies. François Hollande a fait le déplacement, mais a quitté le Brésil dès mercredi soir. Des absences qui auront nécessairement des conséquences sur l’utilité de Rio+20 « Au niveau politique, Rio est un bide annoncé. » considère ainsi Danièle Chabalier, membre du Centre International de Ressources et d’Innovation pour le Développement Durable (CIRIDD). « Il y aura sûrement de belles promesses mais au niveau politique, peu de choses vont bouger. »
3. Parce que le communiqué final a déjà été rédigé (et critiqué)
Mardi soir, après de nombreuses réunions préliminaires, les membres des délégations participant à Rio+20 ont publié une première version du texte qui devrait être adopté vendredi soir, à l’issue du sommet. Un texte qui a déjà été très critiqué, notamment par les ONG. Pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, « si on s’en tient au programme officiel, tout ce qui concerne l’avenir de la planète est dedans. Mais rien ne ressort des documents finaux. Le texte final sera un échec cuisant dans le sens où aucune réponse ne sera apportée dans les domaines de préoccupation qui sont les notres (la sauvegarde des océans, la biodiversité, la protection des océans…) On n’y trouve rien de contraignant, aucun objectif chiffré et aucune ambition dans les mots. C’est un ratage complet. »
4. Parce que l’écologie intéresse peu les Français
C’est un fait : l’écologie passionne peu en France. Un sondage Ipsos pour le quotidien La Croix, publié en décembre dernier et portant sur les attentes des Français avant l’élection présidentielle du printemps plaçait ainsi la question de l’écologie en onzième position, loin derrière le problème de l’emploi, des retraites ou de la lutte contre la délinquance. Un manque d’intérêt confirmé par le faible score obtenu par la candidate écologiste Eva Joly au premier tour de l’élection présidentielle (2,3 % des voix). Rien de surprenant alors à ce que Rio+20 ne nous intéresse pas outre mesure. « Il y a eu peu d‘attention portée à la question de l’environnement pendant la campagne présidentielle. En dehors du nucléaire, on a peu parlé des questions de la protection de la planète. Ce n’était pas une des priorités des candidats à la présidentielle. » regrette ainsi Jean-François Julliard.
5. Parce que Rio+20 tombe en plein milieu de l’Euro
Le site internet des Nations Unies permet de suivre en direct toutes les conférences durant les deux jours du sommet. Chouette. Mais sincèrement, entre regarder ces sessions et un match de football de l’Euro 2012, à la télé ou légalement en streaming sur internet, vous hésiteriez longtemps ? D’autant que le sommet se tient jusqu’à vendredi, au même moment que les premiers quarts de finale de la compétition. Qui peut prétendre avoir envie de rater un Portugal-République Tchèque ou un Allemagne-Grèce pour voir des dirigeants assis autour d’une table, discutant de l’avenir de notre planète ?
Les cinq raisons pour lesquelles on devrait s’y intéresser
1. Parce que l’avenir de la planète est en jeu
Le 7 juin dernier, le Pnue publiait un rapport alarmant sur l’état de la planète: émissions de gaz à effet de serre en forte hausse, déchets qui s’accumulent, stocks de poissons de mer en baisse, biodiversité menacée, manque d’eau potable pour des centaines de millions de personnes… Jean-François Julliard insiste d’ailleurs sur l’urgence de prendre des décisions pour sauver l’écosystème mondial: « Sur le papier, l’enjeu de ce sommet est énorme : c’est tout simplement l’avenir de la planète qui est en jeu. » Autre signe de l’importance de ce sommet brésilien, le directeur général du Pnue Achim Steiner a déjà prévenu qu’il n’y aurait de place « ni pour le doute […] ni pour la paralysie de l’indécision« .
2. Parce que le développement durable concerne également nos enfants, leurs enfants, les enfants de leurs enfants, etc.
D’après la définition officielle de l’ONU, le développement durable est le moyen de « subvenir à nos besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à subvenir à leurs propres besoins« . En clair : nos habitudes de consommation risquent de priver les générations futues de ressources naturelles. Selon Danièle Chabalier, « nous devons avoir conscience que derrière tout nos choix de consommation, il y a des richesses prélevées. Et nous devons nous demander si cette richesse est en cours d’épuisement et si nous en avons vraiment besoin en tant que consommateur. »
3. Parce que vous participez peut-être déjà au développement durable, sans le savoir
Vous avez pris l’habitude de trier vos déchets ? Vous penser à éteindre la lumière en quittant une pièce ? A couper l’eau lorsque vous vous brossez les dents ? A votre échelle, vous participez au développement durable avec ces « écogestes« . Selon Danièle Chabalier, ces bonnes habitudes quotidiennes ont permis à « la plupart des gens de prendre conscience des enjeux nés du changement climatique et des crises environnementales« . Même si pour Jean-François Julliard, les écogestes ne suffiront pas à sauver l’écosystème, ils sont malgré tout important: « le développement durable est à tous les niveaux : au niveau mondial à Rio, national avec les politiques publiques et local, où chacun à son rôle à jouer. »
4. Parce que avant la Coupe du Monde en 2014 et les JO en 2016, ce sommet est l’occasion de voir comment le Brésil est capable d’organiser des grands rendez-vous internationaux
Au cours des quatre prochaines années, le Brésil sera au centre de toutes les attentions. Le pays a en effet hérité de l’organisation de la prochaine Coupe du Monde de football, en 2014, tandis que les Jeux Olympiques de 2016 se tiendront à Rio. Ce sommet international, même si il ne se déroule que sur deux jours, est donc l’occasion de voir comment les Brésiliens sont capables d’accueillir et de gérer un événement d’envergure internationale.
5. Parce que ce serait quand même dommage d’attendre 2022 pour s’intéresser au problème du développement durable et des crises environnementales
1992, 2002, 2012… Logiquement, le prochain sommet pour la Terre se tiendra dans dix ans. D’ici là, difficile de savoir comment se portera notre écosystème. Alors autant profiter de Rio+20 dès cette semaine pour se demander dans quel état est notre planète et comment faire pour prendre soin de notre environnement.
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