Et si la drogue rendait intelligent, riche et heureux ?
Ecrivain en panne d’inspiration, Eddie teste une drogue qui lui permet d’exploiter 100 % du potentiel du cerveau humain – le film affirme que l’on n’en exploiterait seulement 20 %.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ce qui lui permet de finir enfin son livre, d’apprendre des langues étrangères en un temps record et de passer pour un monsieur je-sais-tout brillant en société. Il use surtout de ses nouveaux pouvoirs pour faire fortune en Bourse. Evidemment, la drogue miracle a des effets secondaires et suscite la convoitise.
Limitless est une variation sur le surhomme, mais sans superhéros. Eddie serait plutôt à cheval entre les yuppies conquérants du Wall Street d’Oliver Stone et les guerriers schizo du Fight Club de David Fincher. Une façon d’osciller entre un réel clinquant et un fantasme parano, qui donne au film un ton d’agréable comédie noire.
L’échec y est filmé à la manière d’un film indépendant US ; la réussite de notre nouveau golden-boy a des airs de trip doré, où les idées pleuvent du ciel, la vie se voit en grand angle, on se dédouble et le temps y est relatif – essentiellement la grammaire visuelle de Fight Club, déjà vue certes, mais bien assimilée.
Limitless moque l’idée même de la success story à l’américaine, en délogeant les imposteurs, en dérangeant les idées d’inné et d’acquis. Sur fond de crise économique et de scandale de mœurs des deux côtés de l’Atlantique, il tombe aussi à point nommé.
Il rappelle, sur un ton narquois et pop, comment le pouvoir peut monter à la tête, et pousser les puissants s’arroger des droits (de cuissage, entre autres). Des idées pas tout à fait neuves, mais malignement exécutées lors de scènes au grotesque bienvenu : celle où une gamine patineuse est utilisée comme arme de défense, et où le vampirisme serait, littéralement, le stade suprême du capitalisme.
On aimerait que le film regorge de passages de cet acabit pour assumer pleinement son titre (“sans limite”).
Mais Limitless tient grâce à son acteur principal, Bradley Cooper, parfait en charmeur filou, toujours content de lui.
Il pourrait vous vendre n’importe quoi avec son sourire : et en particulier son Eddie très opaque, sympa mais irritant. Une version dégénérée et ultranarcissique d’un personnage de Capra. Eddie est propulsé vers les cieux, moins motivé par l’argent que par un besoin irrépressible de mouvement, d’aller en avant.
Cette touche évite à Limitless un discours pesant, et en fait un amusant petit film plus (heureusement) amoral que moralisateur.
{"type":"Banniere-Basse"}